Un Homme A Poil Sur Le Net

8 09 2010

Retour à l’Ouest

Filed under: C'est la vie...,Lectures,Vive l'Anarchie — Un Homme @ 20:35

Le titre est une référence à un livre de Victor Serge qui vient d’être publié chez Agone et est, en quelque sorte, une prolongation de ce billet de mon ami Tito1

Donc, dans “Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression”, Serge écrit (en 1925 donc):

Les fonctions économiques de l’Etat se réduisent, autant que possible, à l’établissement de tarifs douaniers destinés à protéger les industriels contre la concurrence étrangère. (La législation du travail est toujours une conquête du mouvement ouvrier.) En un mot, le respect de l’anarchie capitaliste est la règle de l’Etat. Qu’on produise, vende, revende, spécule, sans mesure, sans souci de l’intérêt général : c’est bien. La concurrence est la loi du marché. Les crises deviennent ainsi les grandes régulatrices de la vie économique; elles réparent, aux dépens des travailleurs, des classes moyennes inférieures et des capitalistes les plus faibles, les erreurs des chefs d’industrie.2

Comme quoi, rien n’a vraiment changé en 85 ans… ;)

  1. qui était lui-même une référence à un livre de Erich Maria Remarque, que nous sommes littéraires… ;) []
  2. Victor Serge, Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression, La Découverte, 2009, p.94 []

27 03 2010

Le Spectacle, hier comme aujourd’hui…

Filed under: Aphorismes,Lectures,Réflexions — Un Homme @ 21:15

En lisant La Société du spectacle, écrit en 1967 par Guy Debord, on ne peut être que frappé par l’actualité de certaines thèses. Ainsi par exemple:

Dans ce développement complexe et terrible qui a emporté l’époque des luttes de classes vers de nouvelles conditions, le prolétariat des pays industriels a complètement perdu l’affirmation de sa perspective autonome et, en dernière analyse, ses illusions, mais non son être. Il n’est pas supprimé. Il demeure irréductiblement existant dans l’aliénation intensifiée du capitalisme moderne: il est l’immense majorité des travailleurs qui ont perdu tout pouvoir sur l’emploi de leur vie, et qui, dès qu’ils le savent, se redéfinissent comme le prolétariat, le négatif à l’oeuvre dans cette société. Ce prolétariat est objectivement renforcé par le mouvement de disparition de la paysannerie, comme par l’extension de la logique du travail en usine qui s’applique à une grande partie des “services” et des professions intellectuelles. C’est subjectivement que ce prolétariat est encore éloigné de sa conscience pratique de classe, non seulement chez les employés mais aussi chez les ouvriers qui n’ont encore découvert que l’impuissance et la mystification de la vieille politique. Cependant, quand le prolétariat découvre que sa propre force extériorisée concourt au renforcement permanent de la société capitaliste, non plus seulement sous la forme de son travail, mais aussi sous la forme des syndicats, des partis ou de la puissance étatique qu’il avait constitués pour s’émanciper, il découvre aussi par l’expérience historique concrète qu’il est la classe totalement ennemie de toute extériorisation figée et de toute spécialisation du pouvoir. Il porte la révolution qui ne peut rien laisser à l’extérieur d’elle-même, l’exigence de la domination permanente du présent sur le passé, et la critique totale de la séparation; et c’est cela dont il doit trouver la forme adéquate dans l’action. Aucune amélioration quantitative de sa misère, aucune illusion d’intégration hiérarchique, ne sont un remède durable à son insatisfaction, car le prolétariat ne peut se reconnaître véridiquement dans un tort particulier qu’il aurait subi ni donc dans la réparation d’un tort particulier, ni d’un grand nombre de ces torts, mais seulement dans le tort absolu d’être rejeté en marge de la vie.

Guy Debord, La Société du Spectacle, 1967, thèse 114

à méditer, longuement… ;)

26 01 2010

Pour nous changer de Marx…

Filed under: C'est la vie...,Lectures,Vive l'Anarchie — Un Homme @ 20:49

(un peu de lecture pour vous occuper en attendant que je termine de rédiger d’autres billets ;))

Supposons qu’une colonie de vingt ou trente familles s’établisse dans un canton sauvage, couvert de broussailles et de bois, et dont, par convention, les indigènes consentent à se retirer. Chacune de ces familles dispose d’un capital médiocre, mais suffisant, tel enfin qu’un colon peut le choisir : des animaux, des graines, des outils, un peu d’argent et des vivres. Le territoire partagé, chacun se loge de son mieux et se met à défricher le lot qui lui est échu. Mais, après quelques semaines de fatigues inouïes, de peines incroyables, de travaux ruineux et presque sans résultat, nos gens commencent à se plaindre du métier ; la condition leur paraît dure ; ils maudissent leur triste existence.

Tout à coup, l’un des plus avisés tue un porc, en sale une partie, et, résolu de sacrifier le reste de ses provisions, va trouver ses compagnons de misère. Amis, leur dit-il d’un ton plein de bienveillance, quelle peine vous prenez pour faire peu de besogne et pour vivre mal ! Quinze jours de travail vous ont mis aux abois !… Faisons un marché dans lequel tout sera profit pour vous ; je vous offre la pitance et le vin ; vous gagnerez par jour tant ; nous travaillerons ensemble, et, vive Dieu ! mes amis, nous serons joyeux et contents !

Croit-on que des estomacs délabrés résistent à une pareille harangue ? Les plus affamés suivent le perfide incitateur : on se met à l’oeuvre ; le charme de la société, l’émulation, la joie, l’assistance mutuelle doublent les forces, le travail avance à vue d’oeil ; on dompte la nature au milieu des chants et des rires ; en peu de temps le sol, est métamorphosé ; la terre ameublir n’attend plus que la semence. Cela fait, le propriétaire paye ses ouvriers, qui en se retirant le remercient, et regrettent les jours heureux qu’ils ont passés avec lui.

D’autres suivent cet exemple, toujours avec le même succès ; puis, ceux-là installés, le reste se disperse : chacun retourne à son essart. Mais en essartant il faut vivre ; pendant qu’on défrichait pour le voisin, on ne défrichait pas pour soi : une année est déjà perdue pour les semailles et la moisson. L’on avait compté qu’en louant sa main d’oeuvre on ne pouvait que gagner, puisqu’on épargnerait ses propres provisions, et qu’en vivant mieux on aurait encore de l’argent. Faux calcul ! on a créé pour un autre un instrument de production, et l’on n’a rien créé pour soi ; les difficultés du défrichement sont restées les mêmes ; les vêtements s’usent, les provisions s’épuisent, bientôt la bourse se vide au profit du particulier pour qui l’on a travaillé, et qui seul peut fournir les denrées dont on manque, puisque lui seul est en train de culture. Puis, quand le pauvre défricheur est à bout de ressources, semblable à l’ogre de la fable, qui flaire de loin sa victime, l’homme à la pitance se représente ; il offre à celui-ci de le reprendre à la journée, à celui là de lui acheter, moyennant bon prix, un morceau de ce mauvais terrain dont il ne fait rien, ne fera jamais rien ; c’est-à-dire qu’il fait exploiter pour son propre compte le champ de l’un par l’autre ; si bien qu’après une vingtaine d’années, de trente particuliers primitivement égaux en fortune, cinq ou six seront devenus propriétaires de tout le canton, les autres auront été dépossédés philanthropiquement.

Dans ce siècle de moralité bourgeoise où j’ai eu le bonheur de naître, le sens moral est tellement affaibli, que je ne serais point du tout étonné de m’entendre demander par maint honnête propriétaire, ce que je trouve à tout cela d’injuste et d’illégitime. Âme de boue ! cadavre galvanisé ! comment espérer de vous convaincre si le vol en action ne vous semble pas manifeste ? Un homme, par douces et insinuantes paroles, trouve le secret de faire contribuer les autres à son établissement ; puis, une fois enrichi par le commun effort, il refuse, aux mêmes conditions qu’il a lui-même dictées, de procurer le bien-être de ceux qui firent sa fortune : et vous demandez ce qu’une pareille conduite a de frauduleux ! Sous prétexte qu’il a payé ses ouvriers, qu’il ne leur doit plus rien, qu’il n’a que faire de se mettre au service d’autrui, tandis que ses propres occupations le réclament, il refuse, dis-je, d’aider les autres dans leur établissement, comme ils l’ont aidé dans le sien ; et lorsque, dans l’impuissance de leur isolement, ces travailleurs délaissés tombent dans la nécessité de faire argent de leur héritage, lui, ce propriétaire ingrat, ce fourbe parvenu, se trouve prêt à consommer leur spoliation et leur ruine. Et vous trouvez cela juste ! prenez garde, je lis dans vos regards surpris le reproche d’une conscience coupable bien plus que le naïf étonnement d’une involontaire ignorance.

P-J. Proudhon, Qu’est-ce que la propriété, Chapitre III.

18 12 2008

L’insurrection qui vient…

Filed under: C'est la vie...,Délires,Lectures,Vive l'Anarchie — Un Homme @ 14:20

(ceci n’est pas vraiment un article ;))

Mauvaise Grèce!

This is Sparta!

Les grecs sont en train de nous rappeller qu’ils ont inventé la démocratie…

Leur révolte essaime un peu partout en Europe et ailleurs. En Belgique aussi. A Bruxelles comme à Gand

Serait-ce là la fameuse insurrection qui vient? ;)

[amtap amazon:asin=2913372627]
(une idée cadeau pour Noël?)

Pendant ce temps-là, la répression continue et l’information est baillonnée, comme par exemple à Lyon, où la police interdit à des journalistes de photographier une manifestation…


G.A.M. – Allez les gars

12 07 2008

Contrefaçon odieuse

Filed under: C'est la vie...,Lectures,Réflexions — Un Homme @ 12:37

En rentrant du boulot hier soir, je vois dans le bus une affiche d’une campagne contre la contrefaçon qui m’a fait bondir.
contrefa-con
Le tout barré d’un renvoi au site de la campagne www.CONTREFACON.be

Il devrait apparaître à tout un chacun que cette façon de procéder est proprement odieuse, puisqu’il s’agit de créer l’amalgame entre un délit économique (la contrefaçon) et le fait de mettre la vie d’un enfant en danger.

Si cela vous échappe, je ne peux que vous recommander la lecture du Petit cours d’autodéfense intellectuelle de Normand Baillargeon qui vous permettra de repérer les différents paralogismes courament utilisé.

Il semblerait d’ailleurs que le reste du site de la campagne, soit en fait un exercice pratique pour ce livre, avec des affirmations péremptoires, des généralisations abusives, etc.
Le site décline trois grandes thématiques présentées de manière à interpeller le visiteur en individualisant l’intitulé: ma santé, mon emploi, ma sécurité.
On pourra y lire des phrases telles que:

  • “Chaque année, des milliers de personnes à travers le monde meurent de la contrefaçon.”
  • “la contrefaçon est un véritable cancer pour l’économie.”
  • “La contrefaçon, c’est également une autre réalité : celle de l’exploitation économique des enfants.”
  • “Acheter en toute conscience des objets contrefaits, c’est donc financer des commerces illicites (drogues, contrebande, …) et, aussi, injecter de l’argent dans un système qui mine les économies nationales et qui sape les fondations des industries qui nous emploient.”
  • “Saviez-vous par exemple que les attentats de Londres de juillet 2005 ont été financés par la revente de contrefaçons ?”
  • “Même une pomme ou une eau minérale peut être contrefaite !”

Terminons en précisant qu’il s’agit d’une campagne du SPF Finances. Ca fait toujours plaisir de voir que mon argent (celui de mes impôts) est si bien utilisé. ;)

10 06 2008

La (dés)information quotidienne

Filed under: C'est la vie...,Lectures,Réflexions — Un Homme @ 0:10

Ceux qui me lisent régulièrement savent que je me plains assez souvent de la qualité de la presse quotidienne belge (en particulier francophone).

Avec Oise, nous nous sommes dit que la grève des conducteurs de train du 20 mai 2008 était une bonne occasion de comparer le traitement du sujet par trois journaux de la presse francophone (Le Soir, La Libre Belgique, l’Echo) et par un journal néerlandophone (De Morgen).

Oise a donc procédé à cette instructive comparaison que l’on peut retrouver ici:
La grève de la SNCB du 20/05/2008 : lectures croisées

On peut également prendre un exemple plus récent: vendredi dernier (06/06/2008) j’achète le Soir et le Morgen (tous les deux classés à gauche dans le paysage médiatique belge) pour en savoir plus sur la nouvelle affaire de “terrorisme”.

[Lire la suite…]


Massilia Sound System – Tout le monde ment

17 07 2007

T-error-risque

Filed under: C'est la vie...,Lectures,Paradoxal système,Réflexions — Un Homme @ 14:17

Selon cet article de la BBC:

More than half of those arrested in the UK on suspicion of terrorism since September 2001 have been released without charge, according to figures.

Bref, dans plus de la moitié des cas, des innocents se sont retrouvés en prison, et parfois pendant assez longtemps, comme on peut le voir, sous d’autres latitudes, dans le film The Road to Guantanamo

Finalement, qui cherche-t-on à protéger du “terrorisme”? Les citoyens innocents, comme ceux qui se retrouvent en prison injustement accusés d’etre des “terroristes”?

Dans la lutte contre le “terrorisme”, il y a quand-même pas mal de dommages collatéraux, non?

Quand on me parle de “guerre contre le terrorisme”, je ne peux m’empêcher de penser à 1984 d’Orwell:

“War is Peace; Freedom is Slavery; Ignorance is Strength.”

Si l’on y réflechit un peu, ces devises correspondent assez bien à l’état de nos sociétés “démocratiques”, non? ;)

6 05 2007

Histoire de ma mère

Filed under: Lectures — Un Homme @ 14:19

Dans ce récit autobiographique de Yasushi Inoué, l’auteur nous narre les dernières années de la vie de sa mère, depuis la mort de son mari (le père de l’auteur), jusqu’au dénouement final.
Histoire de ma mère

On y suit les interrogations de l’auteur sur divers sujets, comme comment se comporter face au gâtisme de sa mère, comment s’en occuper face à ses caprices, est-elle vraiment en train de régresser vers son enfance, comment faire face à ses oublis répétés, sait-elle encore qui nous sommes, …

C’est un témoignage émouvant et plein de retenue d’un homme qui a l’aube de sa propre vieillesse, cherche encore à comprendre celle qui lui a donné le jour…

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