Un Homme A Poil Sur Le Net

11 07 2006

Le Marché, Sauveur suprême

La lecture de la prose libérale peut parfois (souvent?) se révéler intéressante. Par exemple, cet article au titre plutot anodin: “Balance courante américaine : s’attaquer au déficit
L’entête de l’article est le suivant:

Peu de questions économiques ont récemment posé autant de problèmes aux autorités et aux économistes que le déficit des paiements courants des États-Unis. Certains redoutent qu’il ne représente une bombe à retardement pour l’économie mondiale. Dernièrement, une thèse bien différente a émergé, ramenant le déficit à un mirage sans réelle gravité. Les experts les plus sérieux conviennent cependant que la situation actuelle n’est pas viable. D’où vient ce déficit ? Pourquoi pose-t-il un problème et comment faut-il le traiter ?

Alors petite note liminaire à tous ceux qui vantent les mérites de l’économie américaine: elle va mal, très mal…

Morceaux choisis:

il faut d’abord souligner que ce déficit est immense. En 2005, il a atteint plus de 800 milliards de dollars US, soit 6,4 % du PIB américain.

En mai 2005, selon un article de Lehman Brothers : « si les États-Unis étaient une économie de marché émergente – ce qui n’est certainement pas le cas – (…)[ses indicateurs de risque] impliqueraient une probabilité de crise financière proche de 50 % ».

Bref, l’économie américaine est quasiment en faillite, comment parvient-elle à s’en sortir?

les États-Unis bénéficient du privilège de pouvoir emprunter dans leur propre monnaie – le dollar est la principale monnaie de réserve du monde – mais il est difficile de savoir combien de temps cette particularité permettra aux États-Unis d’éviter un ajustement perturbateur. Quoi qu’il en soit, la dette extérieure nette du pays augmente inexorablement : elle représentait près de 2 500 milliards USD en 2004, soit 22 % du PIB.

le dollar risque simplement de perdre sa place de monnaie principale de réserve internationale si la confiance dans sa valeur diminue, ou si l’euro devient plus attractif.

Autrement dit, lorsque le dollar cessera d’être la monnaie de référence, ca va faire mal…

les États-Unis dépensent beaucoup plus qu’ils ne produisent.

Les ménages américains n’épargnent plus, heureusement des investisseurs étrangers sont là pour prendre la relève…

Désormais, les investisseurs étrangers détiennent près de la moitié de la dette publique fédérale des États-Unis.

Mais alors, que faire?

Le flottement du dollar et la libre circulation des capitaux empêchent toute mesure délibérée pour contenir le déficit.

Mais c’est pas pour cela que le gouvernement doit se croiser les bras:


Les autorités américaines devraient au moins éviter d’amplifier le déséquilibre par des décisions budgétaires qui défavorisent l’épargne.

La solution c’est évidemment d’augmenter la précarité flexibilité:

Le gouvernement doit donc rechercher la flexibilité sur les marchés américains des produits et du travail.
Heureusement, les États-Unis possèdent sans doute les marchés les plus flexibles de l’OCDE

En conclusion:

Le message est simple : oui, le problème du déficit des paiements courants des États-Unis pourrait devenir grave et non, l’intervention directe n’est pas la solution.

En fin de compte, le marché, si on le lui permet, peut faire le reste.

Résumons-nous. Suite à des politiques gouvernementales qui en ont fait un des “marchés les plus flexibles de l’OCDE” [bonne intervention gouvernementale], en même temps que l’épargne diminue (y a-t-il une corrélation entre les deux phénomènes? Les ménages qui doivent cumuler plusieurs emplois simultanés pour parvenir à joindre les deux bouts ont-ils vraiment l’opportunité d’épargner à votre avis?), le déficit se creuse de manière spectaculaire.

Comment résorber ce déficit? Certainement pas en intervenant directement [hou hou pas bien] mais pas non plus en n’intervenant pas [ah bon; moi qui pensait qu’il fallait laisser le marché se réguler tout seul, faut donc intervenir pour l’aider?] et hop, un mot, un geste et “le marché […] peut faire le reste.”

Y a pas à dire, l’avenir s’annonce radieux…

Rien ne se perd, rien ne se crée mais tout s’achète

Filed under: C'est la vie...,Réflexions,Vive l'Anarchie — Un Homme @ 10:22

Vu sur Indymedia:

Déclaration de Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE depuis le 1er juin :

« L’enseignement est un produit de commerce, une marchandise de valeur internationale, quelque chose qui peut être exporté. Les établissements doivent montrer leur présence sur la scène internationale »

Voilà au-moins qui a le mérite d’être clair…

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