Un Homme A Poil Sur Le Net

23 08 2008

Groupons-nous et demain…

Filed under: Paradoxal système,Réflexions,Vive l'Anarchie — Un Homme @ 15:37

(ceci est la suite de cet article)

L'internationale des richesS’il est un constat évident à faire, c’est bien celui que le capital a bien compris qu’il ne pourrait prospérer dans un cadre strictement national.

Ainsi, déjà bien avant la Première Internationale, les détenteurs du capital avaient compris la nécessité de dépasser le cadre de leurs frontières pour conquérir de nouveaux marchés1, c’est l’époque des Compagnies des Indes Orientales (dont la plus célèbre est bien sûr la Compagnie anglaise des Indes Orientales) qui donneront naissance au XIXème siècle aux différents empires coloniaux2. Ces compagnies étaient essentiellement des entreprises privées préfigurant les transnationales d’aujourd’hui.

Mais si l’idée de sociétés transnationales n’est pas nouvelle, l’apogée de leur hégémonie n’apparaîtra que dans la seconde moitié du XXème siècle.
Aidées par les institutions nées des accords de Bretton-Woods (Banque Mondiale et Fonds Monétaire International) et surtout par la création du GATT (ancêtre de l’Organisation Mondiale du Commerce) qui facilitent la libre circulation des capitaux et posent les fondements du dogmatisme libéral actuel, nombre d’entreprises ont ainsi pu étendre leur empire avec la protection bienveillante des acteurs institutionnels3 .

Ainsi sont nées un certain nombre d’institutions internationales (c’est-à-dire regroupant des Etats) crées de manière formelle (OMC, OCDE, CEE, …) ou informelle (G8, Club de Paris, …); mais également, des rencontres regroupant des acteurs non-institutionnels comme par exemple le Forum Economique de Davos ou le plus discret Groupe Bilderberg, ou encore, plus récemment, le G8 Business Summit (voir photo) qui regroupe les dirigeants patronaux des pays du G8.G8

Ces réunions entre puissants leur permettent de se pencher sur divers “problèmes” (par exemple: comment sauver le système du capitalisme mondialisé en crise, comment restaurer la confiance dans ce modèle qui va d’échec en échec, …), d’établir des programmes de “réformes”4, mais aussi des déclarations communes.

Par ailleurs, cette organisation transnationale du système économique (mondialisation) permet de mettre en concurrence les travailleurs de différentes zones de production (délocalisations) afin de diviser un mouvement de contestation global en de multiples luttes locales déconnectées et donc plus facilement gérables; car, elle permet également, comme je le disais précedemment, d’éloigner les travailleurs des centres de décision (filiales, sous-traitance, …), ce qui, combiné avec une intense propagande5, amène à faire plus facilement accepter l’inéluctabilité des diktats économiques.

Bref, cette “Internationale du Capital“, loin d’être la manifestation d’une solidarité dépassant le cadre artificiel et obtus des frontières, procède d’une convergence d’intérêts économiques dont l’objectif, au contraire de l’internationalisme ouvrier qui visait à l’émancipation des travailleurs, est bien évidemment de maintenir et augmenter6 les avantages qu’elle a durement acquis à la sueur du front des classes laborieuses dans le cadre de cette guerre de classe qu’elle mène contre nous.


Noir Désir – L’Europe

  1. le capitalisme est intrinsèquement impérialiste, il doit sans cesse croître sous peine de s’effondrer. []
  2. de même, pour la Belgique, la colonisation du Congo est née d’un projet économique porté par le roi Léopold II []
  3. d’autant plus que cela permet, en pleine période de décolonisation, aux Etats colonisateurs de conserver un certain contrôle sur leur anciennes colonies sans devoir recourir aux canonnières d’antan. []
  4. voir par exemple ce précédent article []
  5. qui fera l’objet d’un prochain article []
  6. voir note 1. []

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