Le mot civilisation revient à la mode ces derniers temps; qu’il s’agisse de Nicolas Sarkozy et de sa politique de civilisation ou de la fameuse (fumeuse?) théorie du choc des civilisations, on n’y coupera pas… L’idée de base est que l’Occident judéo-chrétien est l’incarnation même des valeurs civilisatrices à l’opposé de la barbarie intrinsèque du monde arabo-musulman.
Bien sur, quand on évoque ces valeurs de civilisation, on pense aux droits de l’homme, à la liberté, l’égalité, la fraternité; mais il me semble utile de rappeler qu’en France, la civilisation c’est aussi:
- pouvoir enfermer un détenu dans une cellule de moins de 5 m².
- pouvoir enfermer plus ou moins 30000 personnes chaque année parce qu’elle sont en “situation irrégulière” (dont des femmes enceintes et des enfants).
- pouvoir prendre part à certains génocides et massacres et apporter un soutien permanent à de très nombreuses dictatures.
- être le 3ème exportateur mondial d’armes (derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni).
- pouvoir enfermer des individus sur base de leur dangerosité potentielle.
- avoir un President dont le rôle est de veiller au respect de la Constitution (article 5) qui tente d’en contourner l’article 62.
- pour les responsables politiques (et en particulier le President de la République) de pouvoir insulter quidams et journalistes sans risque, alors que pour un quidam, insulter le Président est passible de peines de prison ferme (voir le Canard Enchaîné du 27/02/2008).
- d’avoir 528000 “riches” et 7,13 millions de “pauvres”.
- de compter plus de 3 millions de mal-logés.
- maintenir une forte discrimination de revenus entre hommes et femmes.
- instaurer la surveillance et le fichage (y compris ADN) généralisé, banaliser les contrôles de police au faciès, stigmatiser certaines communautés, abattre les acquis sociaux au nom du changement, etc.
A ceux qui m’objecteront qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, je répondrai qu’on ne peut pas en piller toutes les richesses impunément non plus…
“A ceux qui m’objecteront qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde”, je répondrais la même chose, et qu’en plus, on est TRES TRES LOIN d’accueillir toute la misère du monde. Cette misère, elle est sur les routes, sous les bombes, dans des camps, dans des prisons (physiques, économiques ou politiques).
Comment by oise —