Après les sanglants attentats de Moscou (une quarantaine de morts dans le métro moscovite) déjà attribués, bien qu’aucun groupe ne les ai revendiqués, aux “rebelles du Caucase”, la réaction des autorités était des plus prévisibles.
Ainsi, le président russe, Dmitri Medvedev, pour qui l’attentat est l’oeuvre de “bêtes sauvages”, a-t-il immédiatement déclaré: “La politique de la répression de la terreur et de la lutte contre le terrorisme va se poursuivre. Nous allons poursuivre les opérations contre les terroristes sans compromis et jusqu’au bout”. Le premier ministre, Vladimir Poutine, habitué lui à une rhétorique encore plus martiale ((vous vous souvenez qu’il voulait “buter les terroristes jusque dans les chiottes”?)), a promis que les “terroristes” seraient “anéantis”.
La réaction états-unienne était, elle aussi, prévisible. La secrétaire d’Etat, Hillary Clinton ((qui, pour mémoire, était favorable à l’invasion de l’Irak en 2003.)) a donc affirmé: “Que l’on soit dans le métro de Moscou, le métro de Londres, un train à Madrid ou un immeuble de bureaux à New York, nous faisons face au même ennemi”.
Caucase, Afghanistan, Gaza, même combat?
La suite, on l’imagine très bien. Jouant sur le légitime sentiment d’horreur qu’inspire ce genre d’attentat, les autorités ne tarderont pas à “renforcer les mesures de sécurité” ((qui sont, presque par definition, inefficaces pour garantir la sécurité. Sur la notion de “sécurité” lire par exemple: La « sécurité » : une notion très malléable.)) qui se transformeront rapidement en une augmentation de la discrimination envers les groupes fournissant les usual suspects ((donc, caucasiens pour la Russie, musulmans sous nos latitudes, voire plus généralement les noirs et arabes, dont chacun sait bien qu’ils constituent les hordes de trafiquants aux portes de nos belles cités.)).
Bien sûr, dans l’ensemble du discours sécuritaire, il est essentiel de taire la cause de ces actes barbares. Après tout, des “bêtes sauvages” ne sauraient avoir d’autre motivation que la haine de l’Occident.
Pourtant, comme le note très justement l’article de l’AFP ((sur lequel sont calcés tous les autres… merveille de la diversité de la presse “libre”.)) “ces attentats […] interviennent alors que les forces russes ont multiplié ces derniers mois les opérations contre les rebelles du Caucase, tuant notamment en mars deux de leurs leaders“.
Ainsi, l’horreur à Moscou pourrait être comprise comme un épisode de la guerre brutale que mène l’empire russe dans le Caucase ((à noter que les attentats de Moscou semblaient viser, symboliquement, le siège du FSB (ex-KGB) et le ministère de l’Intérieur.)).
De même, à Bruxelles se déroule actuellement le procès “sous haute surveillance” ((évidemment! Comment pourrait-on maintenir la ménagère belge dans la peur autrement…)) de “la filière belge d’Al Qaeda”. Où l’on reproche principalement aux inculpés d’organiser l’envoi de combattants en Afghanistan ((contre les occupants occidentaux hein, pas pour piloter les F-16 évidemment…)); mais on ne revient pas beaucoup sur le fait que cette “filière” (et donc ce procès) n’auraient eu aucune raison d’être si les américains et leurs vassaux n’avaient envahis l’Afghanistan en 2001.
Dernier exemple, celui d’un kamikaze jordanien qui s’est fait exploser dans une base de la CIA en Afghanistan. D’après son frère, il avait été profondément changé par l’attaque israélienne sur Gaza en janvier 2009, ce qui aurait pu le pousser dans les bras de l’islamisme radical façon Ben Laden…
Bref, face au cauchemar qui, parfois, surgit brutalement dans notre quotidien, nous ne devons jamais oublier l’horreur que nous faisons quotidiennement vivre à d’autres populations qui subissent le joug de notre impérialisme. Nous restons la principale source du terrorisme dans le monde. Vouloir l’ignorer ou l’oublier nous condamne à ne traiter que les conséquences plutôt que de s’attaquer aux causes.
Pour paraphraser Noam Chomsky: il y a une solution facile pour réduire la menace du terrorisme, il suffit de cesser d’y participer.
Loin de moi l’idée de critiquer ta prose en entier, mais je n’ai pas bien compris l’ajout de “Gaza” dans la liste qui suit la rhétorique vide de la Secrétaire d’État des USA dans ton texte.
Je note par ailleurs que tes lecteurs votant tendent à l’égalité quant à ton sondage. Je te jure que je n’ai voté qu’une fois (bien que la tentation m’ait titillé).
Comment by thitho —