Un Homme A Poil Sur Le Net

23 04 2012

Bis repetita…

Filed under: Paradoxal système,Réflexions,Vive l'Anarchie — Un Homme @ 22:32

[Ceci ne représente qu’une analyse personnelle et est donc à prendre en tant que telle.]

Nouveau lendemain de premier tour d’élection présidentielle en France et on observe quasiment les mêmes réactions à chaque fois de la part des veautants ((elle n’est pas de moi mais je l’emprunte ;) )): les abstentionnistes font le jeu du Front National, qui aurait pu s’attendre au score de la candidate frontiste, les électeurs du FN sont tous des fachos, etc.

Première constatation, comme quasiment à chaque fois, les sondages se sont royalement plantés. Cela ne les empêchera pas de récidiver à la prochaine élection et d’aucuns de leur accorder à nouveau de la crédibilité.

Concernant la traditionnelle ritournelle sur l’abstention, la présente élection en montre le caractère fallacieux. Avec un taux d’abstention de 20%, c’est-à-dire dans la moyenne, le Front National obtient son meilleur score jamais réalisé dans une élection présidentielle.

Quant au score de la candidate frontiste, comment s’en étonner alors que ses idées sont au pouvoir depuis 5 ans. En fait, l’étonnant est plutôt le score de Nicolas Sarkozy que je voyais encore battu par la Pen en début de l’année.

En fait, le succès de la candidate frontiste est le résultats de plusieurs facteurs ((A lire dans le Monde Diplomatique de ce mois-ci: “Acrobaties doctrinales au Front national“)). Tout d’abord, elle a su maintenir le leadership du Front National à l’extrême-droite, évitant ainsi une fragmentation de son électorat habituel. Ensuite, elle a réussi à étendre son influence au-delà de ce socle “traditionnel” (qui tourne autour de 10-15%). Pour ce faire elle a su renouveler l’image réactionnaire qui collait au FN et se démarquer des saillies fascisantes de son paternel. D’un point de vue économique, elle s’est également détournée du modèle reagannien qui était celui de son père pour adopter une posture plus keynésienne. Ainsi, elle a réussi à se faire passer comme la seule candidate anti-système “crédible”.

En effet, pour un électeur qui voudrait voter pour une alternative “crédible” au système actuel, quels choix se présentent? Les “petits” candidats sont directement rejetés car purement et simplement inaudibles ((contrairement au FN qui a certainement bénéficié d’une bien meilleure couverture médiatique que les candidats de la gauche anticapitaliste…)) et peu “crédibles”, les partis traditionnels UMP, PS, Modem sont ceux que l’on ne veut plus voir, reste Mélenchon. Mais un ancien ministre et sénateur socialiste peut-il réellement être un candidat anti-système? De plus, depuis 2002, le Front National a fait la preuve qu’il pouvait accéder au second tour d’une élection présidentielle. Du coup, elle peut être vue comme étant une candidate avec une bonne chance d’accéder au second tour et qui s’oppose aux marchés, aux “élites”, au système “UMPS” et prétend dépasser le clivage gauche-droite…

Mais qu’on ne s’y trompe pas, pour moi le vote contestataire FN est un vote de colère et de peur.

Colère contre des dirigeants politiques qui préfèrent sauver les banques plutôt que les usines, préfèrent aider les assistés que ceux qui travaillent ((il faut noter que les grands partis et les médias ont beaucoup fait pour développer cette vision de la société.)) (et par extension les étrangers aux français) ((mais cette vision de l’étranger profitant d’allocations sociales n’est pas neuve, il suffit de se rappeler de la tirade de Chirac sur “le bruit et l’odeur” lors de la campagne de 1988.)); bref la colère contre un système dont ils ne perçoivent plus les bénéfices et qui semble les oublier.

Et la peur. Du chômage, de l’avenir, de l’islam, de l’étranger, de simplement rejoindre les classes les plus précarisées; bref, de la relégation sociale.

“Les racistes sont des gens qui se trompent de colère” disait le regretté Pierre Desproges lors de la séance du Tribunal des Flagrants Délires justemment consacrée à Jean-Marie Le Pen.

Je pense qu’il y a un énorme travail à effectuer par la gauche (de gauche) pour amener une bonne partie des électeurs FN à trouver une juste colère et à troquer la peur par l’espoir.

En bonus, une petite carte de la droite de droite ((ben quoi, on dit bien gauche de gauche?)) (càd en combinant les scores de Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle de 2012):
Sarko+Le Pen
Légende: bleu: NS+MLP > 40%, violet: > 45%, noir: > 50%

17 02 2012

Traduisons un article de la Libre…

Filed under: C'est la vie...,Réflexions — Un Homme @ 23:35

Parfois, il suffit de pas grand chose pour qu’un article a priori indigeste devienne limpide.

Prenons par exemple cet article de la Libre Belgique, intitulé (tout en finesse):
Une priorité : la compétitivité. Et l’index ?” ((signé V.d.W., s’agirait-il du fameux Francis Van de Woestyne que j’ai déjà évoqué ici?))

Pour rendre ce charabia compréhensible, il suffit de remplacer certains termes par leur signification pour que tout s’éclaire. Ainsi, voici ce que l’on obtient en remplaçant compétitivité par compétition entre travailleurs et index par mécanisme de maintien du pouvoir d’achat ((oui, c’est plus long, mais au-moins c’est clair. )).

Je les laisse en italique dans le texte pour qu’on aperçoive les changements ainsi que leur récurrence dans la prose de V.d.W.; je me permets de souligner également en gras quelques passages qui méritent notre attention.

Une priorité : la compétition entre travailleurs. Et le mécanisme de maintien du pouvoir d’achat ?

V.d.W.
Mis en ligne le 16/02/2012

Le gouvernement ne pourra sans doute pas éviter une réflexion sur le mécanisme de maintien du pouvoir d’achat. Des entreprises affirment que sans réforme du mécanisme de maintien du pouvoir d’achat, elles vont devoir licencier.

De toutes parts, les signaux qui arrivent du monde des entreprises sont alarmants. De nombreuses sociétés, surtout actives dans l’industrie, auraient déjà postposé des plans de restructuration et de licenciements. Mais le ralentissement économique prévu pour 2012 et les deux actions du mécanisme de maintien du pouvoir d’achat de 2 % que ces entreprises devront offrir à leur personnel pourraient pousser certaines d’entre elles à procéder à des vagues importantes de licenciements. Dans les milieux patronaux, on affirme que cette vague de licenciements est la conséquence directe de la réduction de la position concurrentielle des entreprises belges par rapport à celles des pays voisins. Une perte concurrentielle qui serait surtout liée aux coûts salariaux “dopés” par le système du mécanisme du maintien du pouvoir d’achat automatique.

Exagéré ou pas, cet avertissement, ajouté aux signaux d’alarme transmis par les patrons, est pris au sérieux dans les milieux gouvernementaux. Préserver la compétition entre travailleurs des entreprises, maintenir un climat favorable à l’investissement, à la production et à l’exportation, tels sont quelques-uns des objectifs que s’est fixés le Premier ministre. Mais sur la manière de préserver la position concurrentielle des entreprises, il y a des divergences, entre patrons et syndicats d’abord et au sein même du gouvernernement. Le clivage est sérieux : d’un côté on pointe le mécanisme de maintien du pouvoir d’achat, de l’autre, on ne veut pas y toucher.

Il est illusoire de penser que cette problématique pourra être résolue à l’occasion du prochain contrôle budgétaire. Le sujet est bien trop sensible. Au lendemain d’une grève “générale”, après des sondages dans lesquels le PS a perdu quelques plumes, l’aile gauche du gouvernement n’acceptera pas que “l’on touche au mécanisme de maintien du pouvoir d’achat“. La vice-Première ministre et ministre des Affaires sociales, Laurette Onkelinx l’a dit sans ambages : “Toucher au mécanisme de maintien du pouvoir d’achat, on peut le faire. Mais ce sera sans nous.” Mais le SP.A, lui, a évolué : Johan Vande Lanotte n’a pas rejeté la possibilité d’une adaptation. Les autres partis flamands, sont demandeurs (Open VLD) ou à tout le moins ouverts à la discussion (CD&V). Le MR est pour et le CDH semble se distancier du PS.

Alors ? Le PS peut-il tout bloquer ? Pas sûr. Car, le gouvernement avait demandé à la Banque nationale de Belgique (BNB) une étude sur notre mécanisme de maintien du pouvoir d’achat par les salaires et sur les alternatives possibles. Mercredi matin, “De Morgen” livrait déjà les principales conclusions de cette étude : selon le journal flamand, la BNB proposerait plusieurs pistes : l’arrêt de la prise en compte dans le calcul du mécanisme de maintien du pouvoir d’achat des prix énergétiques, l’allongement de la période de calcul, des adaptations conditionnées à une concertation avec les partenaires sociaux ou encore fixées en fonction de la hauteur de la rémunération.

Ce document serait, selon certaines sources, un “brouillon” non encore approuvé par le Conseil de régence de la BNB. Mercredi, réunis en kern, le Premier et les vice-Premiers ministres n’ont pas souhaité examiner en profondeur ces conclusions, jugées par trop hâtives. Ils ont demandé au gouverneur de la Banque un “approfondissement” de l’étude par le Conseil de Régence. Ce n’est pas anodin : les partenaires sociaux font partie de ce Conseil de régence.

Les conclusions de cette étude ne devraient être déposées au gouvernement qu’après le contrôle budgétaire. Certains plaident même pour qu’on attende les élections sociales, prévues en mai. D’autres veulent carrément revoir toute la loi de 1996 relative à “la promotion de l’emploi et à la sauvegarde préventive de la compétition entre travailleurs“.

Cela ne veut pas dire que l’on “touchera” au mécanisme de maintien du pouvoir d’achat. Pour contourner l’obstacle, la réflexion pourrait être globale car la compétition entre travailleurs, font valoir certains ministres, ce n’est pas qu’un problème de mécanisme de maintien du pouvoir d’achat et de coûts salariaux, mais aussi de formation, d’emploi et d’exportation : l’éparpillement des forces nous fait parfois perdre de juteux marchés. A l’issue du contrôle budgétaire, le gouvernement pourrait donc lancer une vaste réflexion sur la compétition entre travailleurs sans prononcer le mot tabou : le mécanisme de maintien du pouvoir d’achat.

Ces perspectives freineront-elles ou reporteront-elles les douloureuses restructurations annoncées dans l’industrie ? Ce n’est pas sûr.

(spéciale cassedédi à mon pote Thitho ;-) )

3 02 2012

Un coup à vous gouacher la sécurité…

Filed under: C'est la vie...,Réflexions — Tags: — Un Homme @ 18:15

Je voudrais revenir (très) brièvement sur le “véritable déchaînement de vandalisme” (dixit La Capitale) qui a frappé la station de prémétro Horta à Saint-Gilles.

Tout d’abord sur le “déchaînement” journalistique où l’on semble avoir repris au mot les déclaration de la direction de la Stib sur ces dégradations qui, d’après ce que j’ai pu lire et voir, se limitaient à des taches de peintures et au blocage des portillons ((On pourra voir une vidéo ici ainsi que quelques images ici)). Le traitement médiatique n’a-t-il pas été exagéré?

En tout cas, l’occasion était évidemment trop belle pour ne pas monter en épingle le “dérapage” ((je pense qu’à son niveau, ça n’est plus de dérapage qu’il faudrait parler mais bien patinage permanent)) du député MR ((qui ne signifie pas Mouvement Raciste comme on pourrait le croire mais bien Mouvement Réformateur (ou peut-être Maoïsme & Rolex?) )) Alain Destexhe attribuant les faits à des “Norvégiens”. Le seul commentaire que m’inspire cette analyse politique subtile est celui que j’ai pu lire sur un réseau social: “On ne sait pas si ce sont des arabes qui ont fait le coup. En tout cas on est sûr que ce sont des arabes qui vont nettoyer.”

Mais, ce que je voudrais vraiment souligner dans cette histoire, c’est l’échec de dispositifs vantés pour assurer la “sécurité”: les caméras de surveillance et les portillons d’accès.

Depuis le temps qu’on nous vend la vidéo-surveillance, rebaptisée depuis vidéoprotection (sic), comme la panacée en matière de sécurité ((A lire sur le sujet, La caméra de surveillance : entre fascination politique et déceptions pratiques, par Julien Pieret dans le n°5 du JIM)). De même, les nouveaux portillons d’accès ont pour objectif principal, d’après la propagande de la Stib, de “lutter contre la fraude tout en augmentant la sécurité dans le métro” (re-sic) ((et sur ces portillons entre autres, on pourra lire l’article de Céline Delforge, Stib Brother, toujours dans ce numéro du JIM consacré à Big Brother)). Bien évidemment ni la Stib (c’est logique) ni les journalistes (est-ce étonnant) n’ont relevé ce fait.

Il est toujours bon de le rappeler: les solutions technologiques ne résoudront jamais à elles seules des problèmes humains…

31 01 2012

Pour ou contre la grève? La Libre Belgique a choisi son camp…

Filed under: C'est la vie...,Réflexions — Un Homme @ 16:40

On le sait, les médias dominants choisissent rarement le camp des travailleurs dans le cas de conflits sociaux ((voir par exemple le cas de la grève de la fonction publique le 22 décembre 2011)). La grève générale du 30 janvier ne fait pas exception à la règle, la plupart des journaux relayant complaisamment le message patronal qu’elle “ne sert a rien” voire qu’elle “met l’économie en danger” ((on aurait pu croire que c’était la dérèglementation financière qui avait entrainé l’économie mondiale dans sa chute. Que nenni! C’est la faute des grévistes!)); mais la plupart du temps, se drapant dans leur pseudo-objectivité, ils prétendent se contenter de renvoyer dos à dos patronat et syndicats.

La Libre Belgique (du moins ses articles en ligne) a, elle, clairement choisi son camp. Qu’on en juge par les articles publiés sur son site au lendemain de cette grève:

  • L’édito de Francis Van de Woestyne, intitulé sobrement “au boulot” dont je ne résiste pas à vous copier l’introduction:

    Il a donc fallu supporter, lundi soir, les communiqués triomphants des organisations syndicales se félicitant d’avoir paralysé le pays – chacun place sa gloire où il peut – pendant 24 heures. Une victoire ? Que non

    Il a au-moins le mérite de reconnaître explicitement appartenir aux “jaunes“. Les choses sont claires.

  • Un article de Vincent Rocour intitulé “Grève: un succès relativisé” qui, sous le prétexte de mesurer le succès ou non de la grève générale cherche à en diminuer la portée (premiere grève générale en Belgique depuis 18 ans!). D’ailleurs l’article le signale lui-même, ce sont les employeurs qui relativisent le succès de la grève. Le titre reprend donc le seul credo patronal ((Pourquoi ne pas titrer par exemple: “Grève générale:Succès pour les syndicats, échec pour les employeurs”?)).
  • Droit de grève. Jusqu’où peut-il aller ?” est le titre d’un “entretien” avec Sébastien ROGER, présenté comme un “Avocat spécialisé en droit social” au cabinet Stibbe, pour qui le droit social “est une des composantes incontournables dans la gestion des entreprises.“. On sent l’interlocuteur empli d’une parfaite neutralité sur la question…
  • Grève: l’UCM dénonce la “violence d’une minorité” est un autre entretien entre Thierry Evens pour l’UCM (Union des Classes Moyennes) et Myriam Delmée pour le Setca (Syndicat socialiste des employés et cadres) qui, à l’instar du titre, n’aura pas droit à la même place dans l’article… Et la photo illustrant l’article oriente également le lecteur puisqu’on y voit un syndicaliste brandir un semblant de matraque, ce qui vise à corroborer la “violence” inscrite dans le titre.
  • Seul l’article de Grégoire Comhaire, “Je ne veux pas conduire mon bus jusqu’à 70 ans” donne la parole a un travailleur de la Stib en grève; mais tout en distillant en filigrane l’inutilité de celle-ci, puisque l’article se conclut sur cette parole du chauffeur: “Mais malheureusement, je sais qu’ils vont finir par réformer tout ça. Ils vont nous imposer de travailler plus longtemps. On le sait. Et on n’est pas d’accord.” Autrement dit la grève peut servir de défouloir mais ne changera rien…

Bref, on cherchera longtemps cette prétendue objectivité journalistique qu’on reproche si facilement à la presse militante de ne pas avoir et on lira donc, par exemple, avec plaisir le compte-rendu de militants CGT de Tourcoing venus rendre visite à leurs camarades belges de Courtrai en grève…

A lire aussi:

14 06 2010

La révolution par les urnes n’est pas pour demain…

Filed under: C'est la vie...,Réflexions — Un Homme @ 20:56

Bon, rapide petit bilan chiffré des élections législatives belges du côté de la gauche (la vraie hein, pas celle soi-disant “socialiste” ;)).

Autant te le dire tout de suite, ça n’est pas demain qu’on chantera l’Internationale sur les barricades camarade…
Surtout que si le nombre de votes à gauche progresse (un peu), c’est essentiellement dû aux excellents scores du PTB+.

Par contre, le résultat du Front des Gauches est franchement désolant (en terme de voix j’entends).

Commençons par la Chambre. En 2007, l’ensemble des voix de gauche (PTB+/PVDA+, CAP, PC et Vélorution) se chiffrait à 97.032 voix (dont 56.167 pour le PTB+, soit 57,89% du total). En 2010, l’ensemble de la gauche radicale (LSP, PTB+/PVDA+, Front des Gauches, ProBruxsel, Egalité) en récolte 141.484, soit une augmentation de 44.452 ou 45,81% de plus par rapport à 2007. Les voix du PTB+ représentent 71,45% de ce total et le score global pour le PTB+ est en augmentation de 79,98% par rapport à 2007.

Par contre, si l’on compare le résultat du Front des Gauches (20.734 voix) par rapport au total (PC+CAP+Vélorution) de 2007 (40.865 voix), on constate une chute de près de 50% ((Je suis conscient que les voix de CAP en 2007 se divisaient sur l’ensemble de la Belgique alors que le Front des Gauches n’était présent qu’en Wallonie et à Bruxelles. Il n’empêche que même le seul total PC+Vélorution de 2007 est encore supérieur (de 48 voix!) au score obtenu par le FdG en 2010.))…

Les résultats au Sénat sont un peu plus encourageants; même s’ils sont toujours tirés par le PTB+.
Pour l’ensemble des collèges francophones et néerlandophones, on obtient au total (PTB+/PVDA+, FdG, CAP, LSP) 147.501 voix, soit une augmentation de 54,20% par rapport au 95.654 voix obtenues par la gauche (PTB+/PVDA+, PC, CAP) en 2007.

Notons que l’accroissement des voix de gauches est plus fort du côté francophone (augmentation de 65,62% par rapport à 2007) que néerlandophone (42,73% de mieux que 2007); mais, à nouveau essentiellement grâce au PTB+ dont le score en Wallonie et à Bruxelles a explosé (+154,83%) alors que le Front des Gauches n’a obtenu que 437 voix de plus que la combinaison PC+CAP_F en 2007, soit un accroissement de 1,57%.

Au total, à la Chambre, le total des voix de gauche radicale représente 2,04% des suffrages exprimés et 2,13% pour le Sénat (par rapport à respectivement 1,38% et 1,36% en 2007).

Concernant l’abstention, si l’on ne regarde que les gens ne s’étant pas déplacés, elle augmente de moins de 2% aussi à la Chambre qu’au Sénat (ce qui semble logique) pour s’établir autour de 10,8% des inscrits.

J’imagine que les camarades du PTB+ doivent être particulièrement satisfaits du résultat de leur stratégie électorale alors que ceux du Front des Gauches se posent peut-être quelques questions. Mais l’important est de se rappeler que, dans une mécanique électorale qui sert avant tout le système en place, les élections ne sont qu’un des fronts du combat à mener. La lutte sur le terrain social reste probablement l’enjeu majeur d’une re-conscientisation du prolétariat en tant que classe, élément essentiel pour renverser le rapport de force dans le combat qui nous occupe…

L’ensemble des chiffres vient des données aimablement transmises par la RTBF sur son site spécial élections

29 05 2010

Légaliser la prostitution? (suite)

Filed under: C'est la vie...,Réflexions — Un Homme @ 11:58

Mon petit sondage sur la question de la légalisation indiquant une majorité de lecteurs en faveur de la légalisation, je me suis dit que c’était un bon moment pour reparler de la question (et pour changer le sondage aussi ;).

Coup de pot, je suis tombé sur un texte qui le fait très bien pour moi. Il s’agit de la préface à l’édition catalane du livre de Richard Poulin : « Abolir la prostitution » – Une question en suspend pour le féminisme et pour la gauche. C’est un peu long (et réformiste), mais c’est très intéressant.

Je m’en tiendrai ici à trois remarques.

  1. D’abord, comme le rappelait Mauro dans les commentaires de mon précédent billet sur la question, ce débat tend à être enfermé dans le cadre restreint du réformisme dans un Etat bourgeois, patriarcal et capitaliste. Autant dire que les “solutions” présentées seront difficilement révolutionnaires.
  2. Ensuite, sur la pratique sexuelle de la prostitution, il me semble à la réflexion qu’il s’agit en fait d’une forme de masturbation dominatrice: seul le client en retire du plaisir, et pour ce faire il doit asservir un autre être humain. J’ai peut-être raté un humanisme caché dans la jouissance de l’usage d’un autre individu, auquel cas il ne faudrait pas hésiter à m’éclairer.
  3. Enfin, il me semble que la défense de la prostitution à gauche n’est possible que parce qu’une bonne partie de cette gauche a abandonné la lutte contre une forme d’asservissement de masse dans notre société, le salariat, et ne se contente plus que de vouloir améliorer les conditions de cet asservissement. Dans cette optique, il s’agit simplement de considérer les prostituées comme des prolétaires comme les autres ((ce qui ne me paraît déjà pas correct en soi.)), alors qu’elles semblent plus rentrer dans le cadre de l’individu-entreprise ((plus sur ce sujet dans un autre billet si je trouve le temps et la volonté, ce qui, je te l’accorde, n’est pas gagné en ce moment…)).

Bref, je reste persuadé que la défense de la légalisation de la prostitution (et donc, in fine, de la prostitution elle-même) est difficilement compatible avec les idéaux de la gauche (révolutionnaire) et, même si je reste circonspect sur l’abolitionnisme réformiste, je pense que cette approche a au-moins le mérite de poser la question de la domination de genre dans notre société. Question qui n’est pas posée par les autres approches (réformistes) de la question de la prostitution.

(Et maintenant une petite page de publicité)
Je rappelle que ce débat a été initié par l’article d’Eponine Cynidès: Prostitution : légalisation ne rime ni avec libération ni avec protection dans le Journal Indépendant et Militant.
(fin de la parenthèse publicitaire ;))

30 03 2010

D’un terrorisme à l’autre

Filed under: C'est la vie...,Paradoxal système,Réflexions — Un Homme @ 10:18

Après les sanglants attentats de Moscou (une quarantaine de morts dans le métro moscovite) déjà attribués, bien qu’aucun groupe ne les ai revendiqués, aux “rebelles du Caucase”, la réaction des autorités était des plus prévisibles.

Ainsi, le président russe, Dmitri Medvedev, pour qui l’attentat est l’oeuvre de “bêtes sauvages”, a-t-il immédiatement déclaré: “La politique de la répression de la terreur et de la lutte contre le terrorisme va se poursuivre. Nous allons poursuivre les opérations contre les terroristes sans compromis et jusqu’au bout”. Le premier ministre, Vladimir Poutine, habitué lui à une rhétorique encore plus martiale ((vous vous souvenez qu’il voulait “buter les terroristes jusque dans les chiottes”?)), a promis que les “terroristes” seraient “anéantis”.

La réaction états-unienne était, elle aussi, prévisible. La secrétaire d’Etat, Hillary Clinton ((qui, pour mémoire, était favorable à l’invasion de l’Irak en 2003.)) a donc affirmé: “Que l’on soit dans le métro de Moscou, le métro de Londres, un train à Madrid ou un immeuble de bureaux à New York, nous faisons face au même ennemi”.

Caucase, Afghanistan, Gaza, même combat?

La suite, on l’imagine très bien. Jouant sur le légitime sentiment d’horreur qu’inspire ce genre d’attentat, les autorités ne tarderont pas à “renforcer les mesures de sécurité” ((qui sont, presque par definition, inefficaces pour garantir la sécurité. Sur la notion de “sécurité” lire par exemple: La « sécurité » : une notion très malléable.)) qui se transformeront rapidement en une augmentation de la discrimination envers les groupes fournissant les usual suspects ((donc, caucasiens pour la Russie, musulmans sous nos latitudes, voire plus généralement les noirs et arabes, dont chacun sait bien qu’ils constituent les hordes de trafiquants aux portes de nos belles cités.)).

Bien sûr, dans l’ensemble du discours sécuritaire, il est essentiel de taire la cause de ces actes barbares. Après tout, des “bêtes sauvages” ne sauraient avoir d’autre motivation que la haine de l’Occident.

Pourtant, comme le note très justement l’article de l’AFP ((sur lequel sont calcés tous les autres… merveille de la diversité de la presse “libre”.)) “ces attentats […] interviennent alors que les forces russes ont multiplié ces derniers mois les opérations contre les rebelles du Caucase, tuant notamment en mars deux de leurs leaders“.

Ainsi, l’horreur à Moscou pourrait être comprise comme un épisode de la guerre brutale que mène l’empire russe dans le Caucase ((à noter que les attentats de Moscou semblaient viser, symboliquement, le siège du FSB (ex-KGB) et le ministère de l’Intérieur.)).

De même, à Bruxelles se déroule actuellement le procès “sous haute surveillance” ((évidemment! Comment pourrait-on maintenir la ménagère belge dans la peur autrement…)) de “la filière belge d’Al Qaeda”. Où l’on reproche principalement aux inculpés d’organiser l’envoi de combattants en Afghanistan ((contre les occupants occidentaux hein, pas pour piloter les F-16 évidemment…)); mais on ne revient pas beaucoup sur le fait que cette “filière” (et donc ce procès) n’auraient eu aucune raison d’être si les américains et leurs vassaux n’avaient envahis l’Afghanistan en 2001.

Dernier exemple, celui d’un kamikaze jordanien qui s’est fait exploser dans une base de la CIA en Afghanistan. D’après son frère, il avait été profondément changé par l’attaque israélienne sur Gaza en janvier 2009, ce qui aurait pu le pousser dans les bras de l’islamisme radical façon Ben Laden…

Bref, face au cauchemar qui, parfois, surgit brutalement dans notre quotidien, nous ne devons jamais oublier l’horreur que nous faisons quotidiennement vivre à d’autres populations qui subissent le joug de notre impérialisme. Nous restons la principale source du terrorisme dans le monde. Vouloir l’ignorer ou l’oublier nous condamne à ne traiter que les conséquences plutôt que de s’attaquer aux causes.

Pour paraphraser Noam Chomsky: il y a une solution facile pour réduire la menace du terrorisme, il suffit de cesser d’y participer.

27 03 2010

Le Spectacle, hier comme aujourd’hui…

Filed under: Aphorismes,Lectures,Réflexions — Un Homme @ 21:15

En lisant La Société du spectacle, écrit en 1967 par Guy Debord, on ne peut être que frappé par l’actualité de certaines thèses. Ainsi par exemple:

Dans ce développement complexe et terrible qui a emporté l’époque des luttes de classes vers de nouvelles conditions, le prolétariat des pays industriels a complètement perdu l’affirmation de sa perspective autonome et, en dernière analyse, ses illusions, mais non son être. Il n’est pas supprimé. Il demeure irréductiblement existant dans l’aliénation intensifiée du capitalisme moderne: il est l’immense majorité des travailleurs qui ont perdu tout pouvoir sur l’emploi de leur vie, et qui, dès qu’ils le savent, se redéfinissent comme le prolétariat, le négatif à l’oeuvre dans cette société. Ce prolétariat est objectivement renforcé par le mouvement de disparition de la paysannerie, comme par l’extension de la logique du travail en usine qui s’applique à une grande partie des “services” et des professions intellectuelles. C’est subjectivement que ce prolétariat est encore éloigné de sa conscience pratique de classe, non seulement chez les employés mais aussi chez les ouvriers qui n’ont encore découvert que l’impuissance et la mystification de la vieille politique. Cependant, quand le prolétariat découvre que sa propre force extériorisée concourt au renforcement permanent de la société capitaliste, non plus seulement sous la forme de son travail, mais aussi sous la forme des syndicats, des partis ou de la puissance étatique qu’il avait constitués pour s’émanciper, il découvre aussi par l’expérience historique concrète qu’il est la classe totalement ennemie de toute extériorisation figée et de toute spécialisation du pouvoir. Il porte la révolution qui ne peut rien laisser à l’extérieur d’elle-même, l’exigence de la domination permanente du présent sur le passé, et la critique totale de la séparation; et c’est cela dont il doit trouver la forme adéquate dans l’action. Aucune amélioration quantitative de sa misère, aucune illusion d’intégration hiérarchique, ne sont un remède durable à son insatisfaction, car le prolétariat ne peut se reconnaître véridiquement dans un tort particulier qu’il aurait subi ni donc dans la réparation d’un tort particulier, ni d’un grand nombre de ces torts, mais seulement dans le tort absolu d’être rejeté en marge de la vie.

Guy Debord, La Société du Spectacle, 1967, thèse 114

à méditer, longuement… ;)

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