Nous rêvions de grands soirs et de lendemains qui chantent,
du crépuscule de l’oppression,
d’une aube de l’émancipation.
Aujourd’hui, les partis, les syndicats touchent leur rente,
de journées de mobilisation,
en habituelles capitulations.
Qu’avons-nous fait pendant tout ce temps?
Ah mais où sont les rêves d’antan?
Nous rêvions de mettre à bas les structures de coercition,
des écoles aux prisons,
des usines aux nations.
Aujourd’hui nous cherchons à défendre nos institutions,
garantes de nos “libertés”,
et surtout de la “sécurité”.
En sommes-nous à réclamer notre carcan?
Ah mais où sont les rêves d’antan?
Nous rêvions de faire exploser la famille traditionnelle,
d’amour libre et d’autres règles de jeux,
d’un nouveau désordre amoureux.
Aujourd’hui c’est le grand retour de l’institutionnel,
vive le mariage pour les gays,
le sexe et l’amour bien encadrés.
Avons-nous besoin de tous ces sacrements?
Ah mais où sont les rêves d’antan?
Nous rêvions de liberté, d’égalité et de fraternité,
de justice et de république sociale,
et d’une révolution internationale.
Aujourd’hui encore, certains continuent à rêver,
à oeuvrer avec courage et obstination,
jour après jour, pour la révolution.
Et peut-être qu’après avoir perdu tant de vies,
nous vivrons enfin notre rêve d’anarchie…
“La révolution sera la floraison de l’humanité comme l’amour est la floraison du coeur.”
Louise Michel
Léo Ferré – Les Anarchistes