Je suis souvent frappé par des similitudes entre notre société et celle de la Rome antique. Probablement parce que j’ai toujours eu un intérêt marqué pour cette dernière et qu’il m’est donc plus facile d’établir des rapport entre ce que j’en ai lu et ce que je vois quotidiennement.
La première similitude est la plus évidente, celle qui donne son titre à ce post. Du pain et des jeux…
A Rome, les distributions de pain et l’organisation des jeux avaient pour but de calmer le peuple et de l’attacher au maître de la Ville. Autrement dit, il s’agissait de maintenir l’ordre social et d’éviter une révolte populaire.
La situation actuelle est approximativement la même. La distribution de pain (soupe populaire, resto du coeur, …) permet d’éviter la famine et l’organisation de jeux (télévision, loterie, …) divertit le peuple et lui évite de songer à sa condition.
La seconde similitude est moins évidente. A l’époque de la Rome républicaine (avant l’Empire donc), le peuple était constitutionnellement souverain et les décisions étaient prises lors des assemblées du peuple (Comitia Centuriata, Comitia Tributa et Concilia Plebis). Ces assemblées étaient théoriquement le pouvoir suprême a Rome. Nominellement, la République était une démocratie. Bien évidemment, dans les faits l’organisation de ces assemblées populaires donnait la prééminence aux classes les plus riches et le pouvoir était donc aux mains de la classe possédante. Peu a peu, le pouvoir est passé des assemblées au Sénat, donnant lieu au célèbre Senatus PopulusQue Romanus (SPQR).
Aujourd’hui la situation dans nos “démocraties” occidentales est similaire. Constitutionnellement, le peuple est souverain et élit des répresentants qui agissent en son nom. Bien évidemment, le pouvoir reste entre les mains des classes possédantes, non plus à travers le vote lui-même; mais à travers la marchandisation du débat politique. Une campagne électorale n’étant de nos jours rien d’autre qu’une campagne publicitaire. Par conséquent les candidats (ou les partis) deviennent particulièrement sensibles aux interêts financiers en jeu, plus qu’au souci de représenter leurs électeurs. Par ailleurs, la “professionnalisation” de la politique favorise également l’émergence d’une forme d’oligarchie sénatoriale, puisque la politique est à présent reservée à des professionnels, à une élite qui sait ce que veut le peuple, puisqu’elle est elue…
Rome a sombré dans la guerre civile avant de basculer dans le Principat; attendons de voir qui seront nos Marius et Sylla…
(bon avant qu’on ne m’assaille de remarques, je sais très bien que la situation actuelle est très très différente de celle de la Rome antique, il s’agit plus d’une métaphore que d’une comparaison ;)