Le Marché, Sauveur suprême

La lecture de la prose libérale peut parfois (souvent?) se révéler intéressante. Par exemple, cet article au titre plutot anodin: “Balance courante américaine : s’attaquer au déficit
L’entête de l’article est le suivant:

Peu de questions économiques ont récemment posé autant de problèmes aux autorités et aux économistes que le déficit des paiements courants des États-Unis. Certains redoutent qu’il ne représente une bombe à retardement pour l’économie mondiale. Dernièrement, une thèse bien différente a émergé, ramenant le déficit à un mirage sans réelle gravité. Les experts les plus sérieux conviennent cependant que la situation actuelle n’est pas viable. D’où vient ce déficit ? Pourquoi pose-t-il un problème et comment faut-il le traiter ?

Alors petite note liminaire à tous ceux qui vantent les mérites de l’économie américaine: elle va mal, très mal…

Morceaux choisis:

il faut d’abord souligner que ce déficit est immense. En 2005, il a atteint plus de 800 milliards de dollars US, soit 6,4 % du PIB américain.

En mai 2005, selon un article de Lehman Brothers : « si les États-Unis étaient une économie de marché émergente – ce qui n’est certainement pas le cas – (…)[ses indicateurs de risque] impliqueraient une probabilité de crise financière proche de 50 % ».

Bref, l’économie américaine est quasiment en faillite, comment parvient-elle à s’en sortir?

les États-Unis bénéficient du privilège de pouvoir emprunter dans leur propre monnaie – le dollar est la principale monnaie de réserve du monde – mais il est difficile de savoir combien de temps cette particularité permettra aux États-Unis d’éviter un ajustement perturbateur. Quoi qu’il en soit, la dette extérieure nette du pays augmente inexorablement : elle représentait près de 2 500 milliards USD en 2004, soit 22 % du PIB.

le dollar risque simplement de perdre sa place de monnaie principale de réserve internationale si la confiance dans sa valeur diminue, ou si l’euro devient plus attractif.

Autrement dit, lorsque le dollar cessera d’être la monnaie de référence, ca va faire mal…

les États-Unis dépensent beaucoup plus qu’ils ne produisent.

Les ménages américains n’épargnent plus, heureusement des investisseurs étrangers sont là pour prendre la relève…

Désormais, les investisseurs étrangers détiennent près de la moitié de la dette publique fédérale des États-Unis.

Mais alors, que faire?

Le flottement du dollar et la libre circulation des capitaux empêchent toute mesure délibérée pour contenir le déficit.

Mais c’est pas pour cela que le gouvernement doit se croiser les bras:


Les autorités américaines devraient au moins éviter d’amplifier le déséquilibre par des décisions budgétaires qui défavorisent l’épargne.

La solution c’est évidemment d’augmenter la précarité flexibilité:

Le gouvernement doit donc rechercher la flexibilité sur les marchés américains des produits et du travail.
Heureusement, les États-Unis possèdent sans doute les marchés les plus flexibles de l’OCDE

En conclusion:

Le message est simple : oui, le problème du déficit des paiements courants des États-Unis pourrait devenir grave et non, l’intervention directe n’est pas la solution.

En fin de compte, le marché, si on le lui permet, peut faire le reste.

Résumons-nous. Suite à des politiques gouvernementales qui en ont fait un des “marchés les plus flexibles de l’OCDE” [bonne intervention gouvernementale], en même temps que l’épargne diminue (y a-t-il une corrélation entre les deux phénomènes? Les ménages qui doivent cumuler plusieurs emplois simultanés pour parvenir à joindre les deux bouts ont-ils vraiment l’opportunité d’épargner à votre avis?), le déficit se creuse de manière spectaculaire.

Comment résorber ce déficit? Certainement pas en intervenant directement [hou hou pas bien] mais pas non plus en n’intervenant pas [ah bon; moi qui pensait qu’il fallait laisser le marché se réguler tout seul, faut donc intervenir pour l’aider?] et hop, un mot, un geste et “le marché […] peut faire le reste.”

Y a pas à dire, l’avenir s’annonce radieux…

C’est arrivé près de chez vous

Tout le monde sera certainement heureux d’apprendre qu’une société coopérative de droit belge (pour autant que je sache), leader dans le domaine des transactions bancaires internationales, a pleinement collaboré avec le gouvernement américain et a permis l’interpellation de plusieurs terroristes présumés sur le sol américain. A noter au passage que personne ne se pose plus vraiment la question de savoir quelle est la définition d’un “terroriste”…

Par contre, ce qui m’étonne un peu, c’est de constater l’absence de tels résultats dans la lutte contre le blanchissement de l’argent de la drogue ou le traffic d’armes par exemple…
N’y mettrait-on pas la même diligence que pour traquer les méchants barbus?
Seul de mauvais esprits pourraient penser que, les sommes impliquées étant beaucoup plus considérables, les institutions financières seraient moins promptes à aider la justice…

Pouvoir d’achat = démocratie?

Je n’écoutais le journal de PureFM que d’une oreille distraite ce matin à 8h, pourtant un passage d’un reportage sur la fameuse “pression fiscale” a attiré mon attention. La personne interviewée expliquait (en gros puisque je n’écoutais que d’une oreille distraite) qu’une fiscalité plus juste permettrait d’avoir “plus de pouvoir d’achat, et donc plus de démocratie”.

De deux choses l’une, soit j’ai mal entendu; soit j’ai bien entendu et je trouve ce genre de raccourcis particulièrement pervers et dangereux; mais probablement en phase avec l’idée diffuse que le citoyen s’est effacé au profit du consommateur…

Un blanc vaut 40 noires?

Une manifestation pour protester contre un crime crapuleux rassemble 80000 personnes.
Une manifestation pour protester contre un crime xénophobe rassemble 2000 personnes.
Vous ne trouvez pas qu’il y a un léger décalage là, non?

Travail, Famille, Patrie

Il est assez ironique de constater que la Fête du Travail, jour de célébrations ouvrières s’il en est, a été instauré en France par le Maréchal Pétain en 1941:


Affiche de propagande pétainiste

D’ailleurs, dans une optique prolétarienne, ce n’est pas le Travail qu’on célèbre, mais bien les travailleurs…

Il y a 20 ans…

La centrale nucléaire de Tchernobyl pétait et éructait un gentil nuage radioactif qui s’arrêtait gentiment aux frontières de l’hexagone. La désinformation officielle battait son plein et Pierre Desproges nous le disait: “Il n’y a pas loin d’un cher Nobel à Tchernobyl”.

Aujourd’hui encore, les bilans officiels sont (très) sous-evalués et l’on envisage à nouveau le recours au nucléaire comme alternative aux méthodes produisant des gaz à effet de serre…

Rendez-vous dans 20 ans?

[Edit] Qui©he a posté quelques photos souvenirs de l’événement ici.

Tire, c’est du belge

Ca chauffe au Népal:

KATMANDOU (AFP) – Les forces de l’ordre népalaises étaient massivement déployées jeudi matin à Katmandou où un couvre-feu, avec ordre de tirer à vue sur les contrevenants, a été décrété pour empêcher la tenue d’une grande manifestation de l’opposition pro-démocratie contre le roi.

J’espère que ces manifestants apprécieront d’être fauchés par des fusil-mitrailleurs belges, vendus à l’époque où Louis Michel justifiait cette vente par un discours que j’ai déjà évoqué ici.

Mais au fait, que dit-il ce brave homme sur la situation actuelle au Népal? Eh bien rien… Par contre, il se contente de distribuer 6 millions d’euros aux victimes du conflit (comme on peut le lire ici).

En fait, ça doit être ça la nouvelle politique sociale-libérale: gagner plein d’argent en vendant des armes à un pays et distribuer aux victimes de ces armes une aide humanitaire prélevée sur les bénéfices de la vente…

Scene de la vie ordinaire

Vu ce matin Boulevard General Jacques a Bruxelles: un motard s’arrete pour dresser un proces-verbal a une voiture stationnee a moins de 10m d’un feu. Ceci etant fait, il repart en brulant le feu susmentionne…

Que fait la police?