C’est en gros ce qu’a dit le conseil communal de Dison à trois gamines qui avaient l’outrancière prétention de se rendre à l’école voilées ((lire le billet de Luc Delval: Admirons ces courageux mandataires communaux)).
Car le foulard (islamique hein, pas celui de chez Hermès ou de chez Burberry naturellement) à l’école fait débat.
On aurait pu croire que d’autres débats auraient mérité une plus grande attention, comme, par exemple, notre participation dans une guerre impérialiste en Afghanistan, ou encore que l’argent public serve à financer des banques qui en retour font des bénéfices et en profitent pour licencier (avec pour effet d’augmenter le coût pour la collectivité).
Mais non. Ce qui est important, c’est la question des signes religieux à l’école…
Enfin, signes religieux, entendons-nous bien, signes de religions “pas-de-chez-nous” hein. On ne va tout de même pas commencer à demander aux enfants de retirer leurs pendentifs en forme de croix à l’entrée de l’école tout de même!
Encore que…
Et puis, pourquoi s’arrêter en si bon chemin. Certains prénoms comme Jésus, Joseph ou Marie ne constituent-ils pas une forme dissumulée de prosélytisme religieux? Et pourquoi ne pas s’attaquer aussi à d’autre formes de dogmatisme comme le consumérisme, le productivisme ou l’économie de marché?
Non, non, non! Le problème, c’est le voile. Parce qu’il représente l’obscurantisme religieux, la domination de l’homme sur la femme, etc.
C’est vrai que le foulard peut-être perçu comme une forme visible d’oppression sur les femmes. Ce n’est bien sûr pas le seul; mais trop souvent nous ne voyons que ce que nous voulons bien voir. Que penser des tailleurs, des chaussures à talon, du maquillage, de l’épilation, de la “ligne” et des régimes qui vont avec,… Bref, de tout ce qu’une femme doit subir pour “être femme” ((Et je ne parle que des signes visibles. Il ne faut pas oublier tout ce qui ne se voit pas: dépendance économique (plafond de verre), choix entre carrière et maternité, “fée du logis”, etc.)).
Et comment peut-on envisager un seul instant que l’exclusion constitue une action positive envers des individus (et à plus forte raison des enfants)? Et comment s’étonner de la montée des communautarismes sur le terreau fertile de nos discriminations?
On retrouve cette logique xénophobe du “La France on l’aime ou on la quitte”, de l’idée du rempart censé nous protéger des hordes barbares si chère aux tenant du “choc des civilisations”.
Il ne faut pourtant pas oublier que les murs enferment bien plus qu’ils ne protègent et que dissimuler le problème en le mettant hors du champ de notre perception n’est pas le résoudre.
Il est des débats qui ne méritent pas la publicité qu’on leur donne. Que des enfants aillent à l’école ((Qui est aussi une prison; mais l’ami thitho vous en parlera plus longuement que moi, ici par exemple…)) couverts d’un foulard, d’un turban, d’une kippa ou d’un béret n’est pas une menace pour la société.
Bombarder des populations civiles, piller les ressources du monde à notre seul profit, défendre un mode de vie anxiogène et mortifère, accepter la précarisation croissante des travailleurs et la disparition des services publics au profit de la tyrannie privée sont à mon sens beaucoup plus préoccupants.
A lire ailleurs sur la question:
- Chez Pierre Eyben: Quelques réflexions à propos du port du voile.
- Sur Les mots sont importants: 577 députés et 367 burqas : où est le problème ?
- Chez Sébastien Fontenelle: Penchons-Nous D’Un Peu Près Sur « Le Reportage Choc » De Faleurs Agduelles Sur La « Burqa »
- Sur le blog de Jean-Pierre Martin: Faut-il interdire la burqa fiscale?