“Quel étrange cri…”
Il y a 62 ans, ceux qui s’érigent actuellement comme les sauveurs du monde libre, de la civilisation, les champions de la démocratie1, larguaient leur première bombe atomique sur Hiroshima, renouvelant ainsi leur arsenal d’armes de destruction massive (qui leur avait déjà permis de raser des villes comme Dresde par exemple avec le succès qu’on sait).
Comme il m’arrive de le dire parfois, avant nous n’étions pas civilisés et nous menions des guerres sales qui devaient s’interrompre durant l’hiver; mais maintenant nous sommes civilisés et nous pouvons faire des guerres propres en toute saison…
C’est beau le progrès, non? :p
- quand elle va dans leur sens bien évidemment [↩]
Avant eux il y avait paix sur terre
Quand pour dix éléphants il n’y avait qu’un militaire
Mais ils sont arrivés et c’est à coups de bâtons
Que la raison d’État a chassé la raison
Car ils ont inventé le fer à empaler
Et la chambre à gaz et la chaise électrique
Et la bombe au napalm et la bombe atomique
Et c’est depuis lors qu’ils sont civilisés
Les singes les singes les singes de mon quartier
Les singes les singes les singes de mon quartier
(Jacques brel)
Les précédents couplets sont aussi très bons, mais moins en rapport avec ton post.
“(…)
Voilà des mois et des années
Que j’essaye d’augmenter
La portée de ma bombe
Et je n’me suis pas rendu compt’
Que la seul’ chos’ qui compt’
C’est l’endroit où s’qu’ell’ tombe
Y a quéqu’chose qui cloch’ là-d’dans,
J’y retourne immédiat’ment
Sachant proche le résultat
Tous les grands chefs d’Etat
Lui ont rendu visite
Il les reçut et s’excusa
De ce que sa cagna
Etait aussi petite
Mais sitôt qu’ils sont tous entrés
Il les a enfermés
En disant soyez sages
Et, quand la bombe a explosé
De tous ces personnages
Il n’en est rien resté
(…)”
(B.Vian)
a) plus basique : chaud, chaud. L’été sera chaud
b) et les Ludwig von 88 peuvent être intelligents (EP Hiroshima, 1995)
Ils allaient sans crainte dans le matin chaud
Vaquant sans soupÇon aux labeurs quotidiens
L’air brÛlant stagnait et sous le soleil
La température montait sans réserve
Ils marchaient tranquilles, travaux ordinaires
Ils oeuvraient sans cesse en attendant
Une issue prochaine À cette guerre sans fin
Qui leur volait fils, maris et parents
Jours et nuits rythmés par les cris des sirènes
Alertes inconséquentes la ville restait vierge
Préservée des nuées incendiaires
Qui brutales ravageaient le pays entier
Canicule matinale le soleil, l’air chaud
Ralentissent leurs gestes brise anesthésique
La sueur s’unit À la poussière
Et ruisselle sur leur corps complaisant
Journée anodine, moment trop commun
Je vois dans le ciel un avion qui luit
Ange métallisé dans l’azure bienveillant
Le ciel m’éblouit, ronronnent les moteurs
Un parachute s’ouvre, il s’approche sans hâte
Un papillon gauche qui oscille désinvolte
Lentement il tombe, saluant la ville
De ses ailes tendues aux allures rassurantes