Suis-je le seul que le côté quasi-messianique de l’investiture du 44ème chef de la plus grande organisation terroriste du monde énerve?
D’autant que comme le rappelait justement Noam Chomsky, Obama est avant tout une marque, un produit de relations publiques, ce qui permet d’écarter les vraies questions du débat présidentiel:
The public relations industry, which runs elections here—quadrennial extravaganzas essentially—makes sure to keep issues in the margins and focus on personalities, character, and so on and so forth. They do that for good reasons. They know—they look at public opinion studies, and they know perfectly well that on a host of major issues both parties are well to the right of the population. That’s one good reason to keep issues off the table. And they recognize the success. So, every year, the advertising industry gives a prize, you know, to the best marketing campaign of the year. This year, Obama won the prize, beat out Apple Company, the best marketing campaign of 2008, which is correct. ((à voir sur Democracy Now))
L’iPhone, prochain président des Etats-Unis?
[oui bon, je sais, il faudrait que j’écrive plus souvent ici… Ne désesperez pas, ca va venir ;) En attendant, vous pouvez toujours répondre au petit sondage qui concerne justement les élections…]
On parle beaucoup de “disproportion” pour qualifier l’attaque terroriste de l’Etat israélien en cours à Gaza; mais il est d’autres disproportions entre Israël et les territoires occupés qu’il serait bon de rappeler de temps en temps. Par exemple:
le PIB par habitant est plus de 24 fois plus grand en Israël que dans les territoires occupés (US$26600 contre US$1100)
la mortalité infantile est plus de 4 fois supérieure à Gaza qu’en Israël (19/1000 contre 4,28/1000)
le chômage est 5 fois plus important à Gaza qu’en Israël (38,4% contre 7,3%)
Au passage, notons que la Belgique est, après les Etats-Unis, le principal partenaire commercial d’Israël (7,5% des exportations, 7,9% des importations).
Enfin, Israël dépense plus en matériel militaire que pour son éducation (7,3% contre 6,9% du PIB).
A tel point que les dépenses militaires représentent plus de US$1570 par habitant ((à titre de comparaison, elles sont de US$400/hab. pour la Belgique et US$800/hab pour la France)), c’est US$400 de plus que le PIB pour un habitant des territoires occupés…
J’ai récemment reçu ceci dans ma boîte aux lettres…
Serait-ce par un effet secondaire de la crise bancaire qu’une banque fasse appel à la “solidarité” pour renflouer ses caisses?
Pour info, même si les temps sont durs pour Citibank avec une chute de ses bénéfices de plus de 80% entre 2006 et 2007, elle reste largement bénéficiaire avec plus de 3,5 milliards de dollars de bénéfices net en 2007 (et 7 milliards de dollars pour ses résultats internationaux) ((bilan annuel 2007: http://www.citigroup.com/citi/fin/data/ar07c_fr.pdf))
Dites, quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi cette histoire de Fortis fait la une des journaux, provoque une crise gouvernementale, etc.?
Pour autant que je sache, il n’y a pas dans cette affaire mort d’homme ((contrairement, disons, à la guerre en Afghanistan dont tout le monde se fout)).
Les actionnaires ont joué, ils ont perdu, qu’ils arrêtent de nous emmerder ((eh quoi? ils ne savaient pas que le capitalisme était amoral, cruel et injuste?))…
Cette manière de réclamer le beurre, l’argent du beurre, le sourire de la crémière et le tiroir-caisse en prime n’est-elle pas un rien obscène quand des gens meurent de faim et de froid?
Ou bien, y aurait-il quelque chose qui m’aurait échappé dans toute cette histoire? N’hésitez pas à éclairer ma Leterme lanterne ((ou comment susciter des commentaires histoires de voir si quelqu’un lit encore ce blog ;) ))…
Ca y est, la Belgique est enfin la cible d’attentats-suicides de la part d’Al-Quaïda Belgique (marque déposée?)!
Ou bien, assistera-t-on à nouveau, comme à la fin de l’année dernière, à une menace fantôme après l’interpellation de 14 membres de la “mouvance terroriste islamiste” et l’inculpation pour “appartenance à une organisation terroriste” de 6 d’entre-eux?
“Round up the usual suspects” ((Capitaine Renault dans Casablanca))
Un certain nombre des personnes interpellées faisait déjà partie du lot de celles que l’on avait arrêtées l’année dernière, puis relâchées sans même les inculper. Cette fois-ci, 6 personnes ont été inculpées (et pourquoi juste 6?) mais seulement pour “appartenance à une organisation terroriste” et non pour la préparation d’un attentat ((“La préparation active d’un attentat en Belgique n’a pas été retenue pour l’instant contre les six personnes inculpées.” La Libre Belgique, 12/12/2008)).
Ou? Quand? Comment?
Même le procureur Delmulle, dont on peut finir par se demander si l’obsession à voir des complots partout ne relèverait pas de la psychiatrie plus que du droit, le reconnaît: il n’en sait rien…
“Il pourrait s’agir d’une opération au Pakistan/Afghanistan, mais il ne pouvait être totalement exclu que la Belgique ou l’Europe puissent avoir été des cibles” ((La Libre Belgique, 12/12/2008))
Que du lourd, du sérieux, comme on s’en doute, pour une affaire de terrorisme:
Selon des informations très récentes parvenues aux enquêteurs, a-t-il expliqué, le suspect avait « reçu le feu vert pour exécuter une opération dont il estimait qu’il ne reviendrait pas » et « avait dit adieu à ses proches, parce qu’il voulait aller au paradis avec la conscience tranquille ».
Les enquêteurs ont également eu vent d’une cassette vidéo d’adieu et de la « mise à l’abri » de femmes et d’enfants de l’entourage, comme c’est déjà arrivé à la veille d’attentats. ((Le Soir, 11/12/2008))
Les perquisitions ont bien sûr permis de trouver de nombreux éléments matériels concordants avec l’hypothèse de l’attentat-suicide:
Aucun explosif n’a été découvert lors des perquisitions, seulement une arme de poing. ((RTBF, 11/12/2008))
Bref, je vous le disais, rien que du solide, comme l’an dernier, ce qui permet d’ailleurs au ministre de la Justice, Jo Vandeurzen, de fanfaronner sur l’air du “on a bien déjoué une tentative d’attentat l’année passée”. Nous voila rassurés!
Recette de l’attentat
Bon, allez, sérieusement, que faut-il pour faire un attentat?
D’abord, une motivation, on évacue généralement cette question d’un simple “la haine de l’Occident“. Quelle aurait été la motivation ici? On ne sait pas…
Ensuite, il faut un objectif. Ici, on n’a aucune idée de leur objectif…
Et puis, un attentat, ça se prépare. Il faut donc une certaine logistique. Peut-être l’analyse des documents et ordinateurs saisis lors des perquisitions permettra d’en savoir plus sur la question. Pour l’instant, le moins qu’on puisse dire, est que l’on n’en sait pas grand-chose.
Enfin, il faut évidemment des explosifs, et là, force est de reconnaître que les perquisitions n’ont rien donné…
Alors quoi?
Bien évidemment, il n’est pas exclu, loin de là, que certains suspects projetaient éventuellement des actions; mais à nouveau dans une affaire de terrorisme, les éléments matériels à charge semblent être particulièrement légers par rapport aux accusations lançées.
Si l’on poursuit dans la voie qui semble actuellement traçée en matière d'”anti-terrorisme”, le portrait-robot du prochain “méchant barbu” ressemblera peut-être à ceci:
(ce sujet mériterait un plus long développement – qui viendra peut-être plus tard – mais il s’agit ici d’une petite réaction rapide dans la même veine que l’article précédent…)
Asian Dub Foundation – Enemy Of The Enemy ((histoire de se rappeler que c’est nous, occidentaux, qui sommes en grande partie responsable de l’émergence de ces mouvements islamistes radicaux…))
L’utilisation de chiffres dans une argumentation est une pratique extrêmement courante et toujours à prendre avec une bonne dose de prudence et quelques précautions ((ce d’autant plus que la principale raison d’utiliser des chiffres est de rendre le débat technique, c’est-à-dire de dépolitiser le point de vue avancé pour lui donner une impression d’objectivité rationnelle)).
En effet, lorsqu’on est confronté à des données chiffrées, il est toujours bon de faire preuve d’un peu d’esprit critique pour en vérifier non seulement la validité; mais également la pertinence dans l’argumentation.
Un premier exercice pour vérifier la validité du chiffre annoncé est d’estimer son ordre de grandeur. Par exemple, lorsque Nicolas Sarkozy parle des heures de travail des grutiers marseillais (2000 heures par an) et qu’il les compare à celles de leurs homologues barcelonais ou anversois (4000 heures par an), on voit très rapidement que si le chiffre avancé pour les marseillais est plausible (50 semaines de 40 heures, c’est beaucoup; mais pas invraisemblable), doubler ce chiffre est exagéré et par conséquent faux ((Autre exemple, venant toujours du même (qui est, il est vrai, un spécialiste du genre), le chômeur qui aurait refusé 67 emplois en un an, ce qui signifie que ce feignant de chômeur aurait refusé plus d’une offre par semaine, pendant un an. Quelle santé!)).
Ensuite, même si le chiffre avançé peut sembler correct à première vue, il faut se demander comment il a été obtenu. Certains chiffres sont inventés de toute pièce ((par exemple, le chiffre de 500000 offres d’emploi non pourvus régulièrement avancé par Sarkozy.)), d’autres sont obtenus par divers bidouillages ((exemple classique, les chiffres du chômage)). On peut égaler brouiller les pistes en n’identifiant pas clairement ce qui est chiffré (autrement dit l’unité de mesure est-elle claire, voir l’exemple plus bas).
Enfin, il faut se demander si le chiffre avancé est pertinent dans l’argumentation. A-t-il un rapport de causalité clairement établi ((autrement dit, y a-t-il une réelle corrélation, par exemple entre le réchauffement climatique et le nombre de pirates? ;) )), représente-t-il le seul élément chiffré pertinent dans la discussion, est-il représentatif pour l’ensemble de la question abordée, …
Illustrons tout ceci avec un exemple. Lors d’un récent petit sondage sur ce site, je posais la question suivante:
Combien de journées de grèves ont-elles été enregistrées en Belgique en 2007?
Ce chiffre, pris dans l’absolu, semble évidemment énorme et notre premier test (celui sur l’ordre de grandeur) devrait nous mettre la puce à l’oreille. De quoi s’agit-il au juste ici?
Il s’agit en fait “de journées non couvertes par une rémunération passible du calcul des cotisations sociales” ((cf. ce document explicatif: http://statbel.fgov.be/figures/d31strike_fr.pdf)) par travailleur. Du coup, si l’on reporte ce nombre à l’ensemble des “actifs occupés” ((plus de 4 millions de travailleurs)), on obtient le chiffre de 0,3% des travailleurs ayant fait grève un jour dans l’année 2007.
Ce chiffre des journées de grèves paraît à présent ridicule. Pour autant, l’un ou l’autre de ces chiffres serait-il réellement pertinent dans un débat sur, par exemple, les conflits sociaux en Belgique?
La réponse est non bien entendu; car ces chiffres ne s’appliquent qu’aux jours de grèves (et encore de manière assez peu précise). Or, comme le rappelle très justement le camarade Julien dans cet article, le droit de grève est de plus en plus attaqué et par conséquent la grève n’est pas nécessairement l’arme à laquelle recourent le plus les travailleurs pour se faire entendre de leur direction ((voir par exemple le très intéressant article de Sophie Béroud, Jean-Michel Denis, Guillaume Desage, Baptiste Giraud et Jérôme Pélisse, Ce que révèlent les données officielles sur les conflits sociaux, dans le Monde Diplomatique, octobre 2008, p.14-15)). Vouloir réduire l’ensemble des conflits sociaux aux seules journées de grèves n’est donc pas acceptable.
Bref, il s’agit de rester vigilant lorsqu’on nous avance des chiffres à tout va et de pratiquer un peu d’autodéfense intellectuelle, histoire de ne pas se laisser embobiner par des discours qui paraissent bien étayés à première vue. :)