La précarité institutionnalisée

Je ne vais pas parler ici de ce qui nous attend demain; mais de ce qui se passe aujourd’hui.

Dans mon entreprise, qui est pourtant loin d’un goulag dirigé d’une main de fer par un DRH du style de Nico Shark, notre réceptionniste est une intérimaire… depuis 3 ans.

INTÉRIMAIRE, subst.
ÉCON. (Travailleur) qui n’exerce que des emplois de durée limitée dans des entreprises diverses.

Visiblement durée limitée a une interprétation différente en fonction de votre position dans la société.

Bien sur, il est interdit d’employer sans interruption un intérimaire pendant aussi longtemps sans lui proposer un contrat définitif; c’est pourquoi notre réceptionniste est régulièrement en “vacances” pour trois jours.

Et, evidemment, si elle venait à contester cet état de fait, elle serait gentiment remerciée…

La novlangue au chat

Poncifs, arguments d’autorité, mépris de classe, élitisme, révérence face aux puissants et euphémisation de la violence d’État, hyperbolisation et diabolisation de la colère des opprimés… Mikaël Faujour analyse, dans le texte qui suit, quelques unes des principales figures de la novlangue médiatique. Une langue aussi pauvre du point de vue esthétique, poétique, philosophique, qu’elle est riche de présupposés idéologiques et lourde de violence symbolique.

Je vous invite vivement à lire cet article (merci à Oise pour me l’avoir indiqué).

Prolétaires de tous pays…

Les urnes virtuelles ont parlé, ce sera dictature du prolétariat plutôt que dictature tout court… (pour ceux qui ne comprennent pas de quoi je parle, voir ici.)

Franchement, je ne pensais pas que tant de trostkistes lisaient ce blog1. On essaie de propager des idées libertaires et anti-autoritaires et paf! on se retrouve avec un régime autoritaire…

Bon, sérieusement, nous savons bien que si ce vote avait vraiment eu lieu, c’est bien le candidat le plus conservateur qui l’aurait emporté2. Et personne ne songerait à contester sa victoire? Visiblement, non. On ne conteste pas le verdict des urnes…

Parfois ça fait peur…

Enfin, heureusement, ce coup-ci, c’est Nico qui a gagné les élections au titre de DRH de la France ;)

  1. il semblerait même que certains fassent de l’entrisme dans un parti prétendument vert :p []
  2. vous avez déjà vu un parti de la gauche révolutionnaire gagner une élection démocratique? []

La propriété, c’est dépassé

Au moment où mon ami Thitho s’interroge sur les fondements de la propriété, j’aimerais développer ici une autre idée…

En tant qu’outil juridique, à quoi sert le droit à la propriété?

De manière schématique, il permet aux individus des classes possédantes de conserver leur statut et fait miroiter à ceux qui en sont exclu la possibilité d’y accéder. En ce sens, la propriété est l’élément fondamental des inégalités sociales.

La propriété consacre le droit d’un individu sur un bien, la faculté pour celui-ci de vendre, louer, prêter, donner, transformer ou détruire ce bien.

Sous nos latitudes, la plupart d’entre-nous sont effectivement propriétaires d’un certain nombre de biens: l’ordinateur sur lequel je tape ce texte, la table qui le supporte, la lampe qui m’éclaire sont effectivement ma propriété puisque je les ai acquis par achat.

Cependant, je ne suis pas propriétaire d’un certain nombre d’autres biens dont je jouis pourtant: je loue mon appartement, mon téléphone portable est mis à ma disposition par ma société; de même, je pourrais jouir d’une voiture de société qui ne serait pas ma propriété, …

Regardons encore un cran plus loin: nous ne sommes pas propriétaires de l’essentiel des services1 dont nous jouissons. L’eau, l’électricité, la ligne téléphonique, la connexion internet, l’accès aux soins, les diverses assurances, etc., nous sont tous fournis par des tiers.

Pour autant, le Législateur a cru bon de garantir un accès minimal à certains de ces biens (eau, électricité, soins, …); mais pourquoi se limiter seulement à quelques biens?

Dans nos sociétés où nous produisons plus que ce dont nous avons besoin, pourquoi ne pas remplacer le droit de certains à protéger un bien par le droit de tous à y accéder?

  1. qui sont également une forme de biens []

Amusant…

Il est assez amusant de constater que la première action de celui qui n’a cessé de proclamer “La France, on l’aime ou on la quitte” et qui veut “remettre la France au travail” est, une fois élu, de partir en vacances à Malte…

Etonnant, non? ;)

Jusqu’à ce que la mort vous sépare…

Il est amusant de constater que le mariage consiste à baguer des individus, comme des pigeons voyageurs, avec l’espoir que ça les fera toujours revenir à la maison…

Quand même toutes mes félicitations à mon ami Thitho. :)

Si c’est un homme…

Dans cet ouvrage très prenant, Primo Levi, juif italien capturé par la milice, nous narre son expérience de l’univers concentrationnaire d’Auschwitz.
Si c'est un homme
Dès l’arrivée, les nouveaux arrivants sont confrontés à la dure loi du camp: s’adapter ou mourir. Et les hommes se transforment en bêtes, les liens sociaux se délitent, l’avenir n’existe plus; seul compte le présent, la survie immédiate…

Ce ne sont plus des hommes, ils sont devenus les numéros qui ont été imprimés à même leur chair et tout est fait pour les maintenir dans leur condition d’inhumanité…

Dans l’appendice consacré aux questions qui lui furent souvent posés sur ce livre, Levi fait preuve d’une grande lucidité. On peut y lire entre autres:

Il faut donc nous méfier de ceux qui cherchent à nous convaincre par d’autres voies que par la raison, autrement dit des chefs charismatiques: nous devons bien peser notre décision avant de déléguer à quelqu’un d’autre le pouvoir de juger et de vouloir à notre place. Puisqu’il est difficile de distinguer les vrais prophètes des faux, méfions-nous de tous les prophètes; il vaut mieux renoncer aux vérités révélées, même si elles nous transportent par leur simplicité et leur éclat, même si nous les trouvons plus commodes parce qu’on les a gratis. Il vaut mieux se contenter d’autres vérités plus modestes et moins enthousiasmantes, de celles que l’on conquiert laborieusement, progressivement et sans brûler les étapes, par l’étude, la discussion et le raisonnement, et qui peuvent être vérifiées et démontrées.

Et pour ceux qui pensent que le cauchemar concentrationnaire n’est plus qu’un mauvais souvenir du passé dans nos belles démocraties occidentales, je les invite à (re)lire cet article de l’Espresso (traduit de l’italien par Thitho).

Au passage…

Il est amusant de noter que le prochain Président de la République sera un riche (soumis à l’ISF) qui a soutenu le Traité Constitutionnel Européen, alors que la majorité des Français, non…

Etonnant, non?