Dans cet ouvrage très prenant, Primo Levi, juif italien capturé par la milice, nous narre son expérience de l’univers concentrationnaire d’Auschwitz.
Dès l’arrivée, les nouveaux arrivants sont confrontés à la dure loi du camp: s’adapter ou mourir. Et les hommes se transforment en bêtes, les liens sociaux se délitent, l’avenir n’existe plus; seul compte le présent, la survie immédiate…
Ce ne sont plus des hommes, ils sont devenus les numéros qui ont été imprimés à même leur chair et tout est fait pour les maintenir dans leur condition d’inhumanité…
Dans l’appendice consacré aux questions qui lui furent souvent posés sur ce livre, Levi fait preuve d’une grande lucidité. On peut y lire entre autres:
Il faut donc nous méfier de ceux qui cherchent à nous convaincre par d’autres voies que par la raison, autrement dit des chefs charismatiques: nous devons bien peser notre décision avant de déléguer à quelqu’un d’autre le pouvoir de juger et de vouloir à notre place. Puisqu’il est difficile de distinguer les vrais prophètes des faux, méfions-nous de tous les prophètes; il vaut mieux renoncer aux vérités révélées, même si elles nous transportent par leur simplicité et leur éclat, même si nous les trouvons plus commodes parce qu’on les a gratis. Il vaut mieux se contenter d’autres vérités plus modestes et moins enthousiasmantes, de celles que l’on conquiert laborieusement, progressivement et sans brûler les étapes, par l’étude, la discussion et le raisonnement, et qui peuvent être vérifiées et démontrées.
Et pour ceux qui pensent que le cauchemar concentrationnaire n’est plus qu’un mauvais souvenir du passé dans nos belles démocraties occidentales, je les invite à (re)lire cet article de l’Espresso (traduit de l’italien par Thitho).