On a beaucoup glosé lors de la primaire démocrate sur le fait qu’elle opposait une femme à un noir (un métis en fait); et que, donc, quel que soit le choix final, le parti démocrate représentait le changement.
Mais saviez-vous qu’un des candidats à l’élection présidentielle combine ces deux aspects? Il s’agit de la candidate des Verts, Cynthia McKinney.
Par ailleurs, savez-vous combien il y a de candidats à cette élection au total? 4? 5? 6?
De toute façon, cette élection a déjà été remportée par Barack Obama. En tout cas, en terme de fonds récoltés et dépensés. En effet, Obama à déjà récolté $454M et dépensé $377M contre, “seulement”, $230M récoltés et $194M dépensés par McCain ((cf. le site OpenSecrets.org)).
Guerre d’Afghanistan
“La situation actuelle est mauvaise. La sécurité empire, mais aussi la corruption et le gouvernement a perdu tout crédit. Nos paroles publiques ne doivent pas nous illusionner nous-mêmes sur le fait que l’insurrection, si elle demeure incapable de remporter une victoire militaire, est néanmoins en mesure de rendre la vie de plus en plus difficile, y compris dans la capitale.
La présence, notamment militaire, de la coalition est une partie du problème, non sa solution. Les forces étrangères assurent la survie d’un régime qui, sans elles, s’effondrerait rapidement. Ce faisant, elles ralentissent et compliquent une éventuelle sortie de crise (probablement dramatique d’ailleurs).“
De qui cette analyse défaitiste?
De l’ambassadeur britannique en Afghanistan tel que rapporté dans un télégramme diplomatique par un diplomate français à Kaboul avec lequel l’ambassadeur s’est entretenu et dont le Canard Enchaîné a pris connaissance ((Le Canard Enchaîné, 01/10/2008)). On y apprend également que les britanniques envisagent de retirer leurs troupes d’Afghanistan probablement vers la fin 2010 et qu’ils envisagent que, d’ici 5 à 10 ans, le pays soit gouverné par un “dictateur acceptable”.
D’autre part, le même article nous apprend que les américains souhaitent “simplifier la chaîne de commandement”, c’est-à-dire centraliser la conduite des opérations sous la seule autorité d’un américain, le général Petraeus, et non plus sous celle de l’Otan.
Il serait intéressant de connaître la réaction de De Crem et consorts, eux qui clamaient haut et fort que les forces belges ne participeraient qu’aux seules opérations de l’OTAN et non à celles des américains de l’opération Liberté Immuable…
Nul doute qu’on nous prétexte encore régulièrement le sort de la femme afghane pour justifier notre invasion et notre occupation de l’Afghanistan.
Et en Belgique?
Le sort de la femme belge est-il donc si enviable? A lire certains ((surtout dans les commentaires à l’article)), oui, à tel point qu’à présent certains hommes seraient à leur tour opprimés par les femmes…
Regardons quelques statistiques ((source: statistiques officielles)) concernant le travail en Belgique: si, en 2007, 50.4% des hommes sont soit actifs, soit chômeurs, il n’y a que 38% de femmes dans ce cas. De plus, 25.4% d’entre elles sont non-actives entre 15 et 64 ans (lire: femme au foyer). Une sur quatre.
Si les travailleurs à temps partiel ne représentent “que” 23.7% des travailleurs ((ils ne représentaient que 15.4% en 1995)), chez les hommes ils en représentent 7.8% alors que chez les femmes ce chiffre grimpe à 42.6% des salariées!
Par ailleurs, comme beaucoup de professions parmi les plus rémunératrices restent essentiellement masculines (par exemple, en 2006, 87.3% des ingénieurs étaient des hommes), on ne s’étonnera pas qu’en moyenne, le salaire des femmes travaillant à temps plein soit inférieur de 12.5% à celui des hommes ((cf. ce tableau)).
Donc, non seulement les femmes sont majoritairement cantonnées à la maison ou dans le travail à temps partiel; mais même celles qui travaillent à plein temps gagnent en moyenne moins que leurs homologues masculins.
Heureusement que sous nos latitudes on a (presque) atteint l’égalité des sexes… ;)
Depuis toujours, en raison de sa nature, le capitalisme ne bénéficie, réellement, qu’à une toute petite minorité de la population. Dès lors, pourquoi l’immense majorité de ceux qui n’en profitent pas ou très partiellement, n’ont-ils pas renversé ce système qui les exploite?
La réponse tient en un mot: propagande.
La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays.
Propaganda (1928), Edward Bernays (trad. Oristelle Bonis), éd. Zones, 2007, p. 31 ((Edward Bernays est le père de la propagande moderne.))
Sous nos latitudes, cette propagande est omniprésente et multiforme.
Son rôle est multiple. Il s’agit, entre autres, d’ancrer dans l’esprit de la majorité la forme actuelle du système, ce qui s’obtient en décrédibilisant les alternatives possibles ((en exigeant par exemple un “réalisme” qui, a contrario, ne s’applique pas au système actuel)), en utilisant des mythes fondateurs (“la main invisible du marché”, “la concurrence libre et non faussée”, …), en créant des des rêvesde réussite accessible à tous, et, en cas de “crise”, de détourner l’attention, voire la colère de la majorité exploitée par le système, vers des boucs émissaires comme les “dérives du système ((par exemple, les parachutes dorés))”, les “patrons voyous”, le “terrorisme“, l’intégrisme musulman, les étrangers ((le recours au nationalisme, et donc à la guerre, est un grand classique du genre)), etc. ((l’avantage du recours à un bouc émissaire, c’est qu’on peut toujours facilement en trouver un…)) ou bien de canaliser cette colère vers les mécanismes institutionnels habituels (élections, partis, syndicats, …); mais surtout, son rôle essentiel est de maintenir divisée la majorité de la population de sorte qu’elle ne puisse s’unir pour établir un système partageant les richesses de manière plus équitable.
Pour ce faire, la classe dominante a su créer des antagonismes au sein de ceux qu’elle domine de manière à ce qu’ils s’opposent entre-eux plutôt qu’ensemble contre elle: travailleurs contre chômeurs, autochtones contre allochtones, usagers contre grevistes, …
Les formes prises par cette propagande sont, comme je le disais, multiples.
On la retrouve, par exemple, dans l’enseignement où l’on “sensibilise” dès le plus jeune âge les enfants à l’esprit d’entreprise (j’ai personnellement été confronté au fameux Boule et Bill créent une entreprise à la fin de mes primaires), les cours d’histoire se contentent souvent de reprendre la version “officielle” dont on sait pourtant qu’elle est écrite par le vainqueur à son avantage; et combien d’heures sont consacrées à développer l’esprit critique des élèves?
L’enseignement constitue un endoctrinement nécessaire pour que l’individu évite de se poser trop de questions quant à son rôle d’exécutant dans le système ((et cela, nonobstant le fait évident que le système éducatif sert bien évidemment aussi à reproduire les inégalités sociales)).
On peut également trouver des exemples cette propagande dans la publicité. L’idée est de maintenir l’image de certaines classes d’individus dans des carcans stéréotypés afin qu’ils acceptent, par la répétition propre à la publicité, cette image d’eux-mêmes. L’exemple le plus évident est bien sûr celui de l’image de la femme mais ce n’est pas le seul ((j’avais déjà relevé ici le cas de la campagne contre la contrefaçon.)).
Mais l’exemple le plus frappant de cette propagande se retrouve naturellement dans les médias. Il suffit d’ouvrir n’importe quel “grand” journal, d’allumer sa télévision ou d’écouter une radio à diffusion nationale pour en avoir de nombreux exemples.
Par le jeu des concentrations de capital, la plupart des grands médias appartiennent ou sont dépendant (par les participations au capital ou la publicité) de grands groupes ((Ce n’est pas par hasard qu’un journal comme le Plan B parle de Parti de la Presse et de l’Argent (PPA).))
Le résultat en est que les journalistes intériorisent les priorités de la classe dominante ((à tel point que pour certains d’entre-eux, il est impossible d’être journaliste et communiste à la fois)), de sorte qu’il est quasi exceptionnel qu’un patron doive censurer l’un de ses journalistes ((exceptionnel mais pas impossible, il suffit de consulter, par exemple, le numéro des Dossiers du Canard consacré à la censure justemment)).
Petit à petit, les journalistes se retrouvent, souvent à leur insu, être les serviteurs des puissants en maintenant le champ du débat dans un cadre strict ((mais qui n’exclut pas la critique aux marges du système. Critique marginale qui permet alors d’affirmer la nature “libre” du système sans jamais réellement le remettre en cause.)) qui est justement celui voulu par leurs maîtres et en établissant ainsi une orthodoxie en-dehors de laquelle il est quasi-impossible de s’exprimer dans un média de masse.
Par ailleurs, les journalistes participent pleinement à la création des mythes de la “réussite” en reprenant sans sourciller les histoires (storytelling) qui leurs sont servies par leurs maîtres, présentant ainsi des “solutions” individuelles plutôt que collectives.
Le résultat de ce matraquage permanent est évident. En nous maintenant divisés, en formattant nos désirs et nos modes de pensée, la classe dominante peut facilement augmenter sa part du gâteau en poursuivant une guerre de classe d’autant plus impitoyable que par son contrôle des médias, elle nous maintient dans l’ignorance de cette lutte.
Que faire alors? Comment réagir?
Il ne tient qu’à chacun d’entre-nous de faire preuve de curiosité, d’esprit critique. De remettre en cause les vérités établies, de s’interroger sur d’éventuelles motivations cachées, de chercher des sources d’informations alternatives, de discuter autour de nous et de prendre conscience que la plupart de nos problèmes sont communs et que pour y apporter une solution, elle devra être collective et non individuelle.