Il s’agit de ce militant d’extrême-droite qui a tiré sur Jacques Chirac le 14 juillet 2002.
Condamné à 10 ans de réclusion ((c’est-à-dire la même durée que Maurice Papon qui n’a été rattrapé par la machine judiciaire que très très tard.)), il vient d’être discrètement libéré après avoir purgé 7 ans.
Plus ou moins au même moment, on apprend que George Cipriani, ancien d’Action Directe incarcéré depuis 1987 (22 ans donc), a été débouté dans sa demande d’un régime de semi-liberté grace à la vigilance du parquet qui avait fait appel de la décision du Tribunal d’Application des Peines qui le lui avait accordé en première instance.
Comme on dit, il faut avoir confiance en la justice de son pays…
Bon, je suis plus occupé qu’on ne le croit… D’ailleurs j’en parlerai prochainement dans ces pages.
De quoi? Aaaah pour le moment c’est encore (plus ou moins) secret. Mais le sondage (à droite) peut vous donner un indice… ;)
Sinon, en passant, c’est aujourd’hui la Saint-Barthélemy, l’occasion de se rappeler qu’au hit-parade des massacres religieux, les braves catholiques restent les meilleurs (je pense qu’on peut même dire loin devant les barbus alquaédiques).
Oui, oui, je vis encore et je devrais poster ici; mais…
Heure de départ pour le boulot: 8h45
Heure de retour du boulot: 19h25
Temps perdu à “gagner” ma vie: 10h40
Ca ne m’en laisse pas des masses pour écrire ici ;)
Sinon, je vous laisse réfléchir à l’actualité de la citation suivante:
Il n’y a plus aujourd’hui de presse indépendante d’information. Il y a de grands journaux qui donnent des informations, mais qui sont inspirés de l’esprit capitaliste, de l’esprit de conservation sociale, aussi bien contre leurs ouvriers quand ils revendiquent une augmentation de salaire que contre l’ensemble de la classe ouvrière lorsque, les élections venues, celle-ci travaille pour son émancipation par l’action politique.
C’était dans l’Humanité dans les années 1920 (et repêché par le Plan B de juin 2009).
Et puis, si vous avez envie de faire un petit exercice d’esprit critique, je vous invite à lire cette note de Nadia Geerts et de vous demander où son raisonnement déraille… (c’est facile ;))
Avec le contexte social actuel, la “crise”, des fermetures d’entreprises à tire-larigot, des centaines, voire des milliers d’emplois qui disparaissent chaque mois; bref avec la précarisation de plus en plus massive de la classe laborieuse alors que nos pansus maîtres hésitent sur l’aménagement de la salle de bain de leur nouveau yacht, il ne faisait pas l’ombre d’un doute que ces élections européennes démocratiques, forcément démocratiques, verraient le déferlement d’une horde rouge à l’assaut du Parlement des United States of Europe.
Et qu’advint-il?
Une longue marche vers les isoloirs?
Les bureaux de votes reconvertis en soviets?
Nenni!
Une belle et forte victoire pour la droite libérale, réactionnaire, voire nationaliste…
En France, malgré la présence du facteur préféré des médias (qui mentent), le NPA n’est pas parvenu à dépasser la barre des 5% et ne lancera donc pas la révolution depuis l’enceinte du parlement de Bruxelles ou Strasbourg…
“C’est la faute à l’abstention!” nous serine-t-on…
Il est vrai qu’avec une abstention qui avoisine les 60%, les parlementaires élus ne représentent quasiment plus qu’eux-même, leurs amis et leur famille ((comme quoi, le bon peuple, qui a dit non au Traité Constitutionnel qu’on lui a quand-même refourgué en s’asseyant sur son vote, a dans sa majorité, suffisamment de bon sens pour ne pas y retourner volontairement…)).
C’est certain que si l’abstention ne dépassait pas, disons, 10%, le score de la gauche de gauche devrait exploser.
Ca tombe bien, en Belgique, le vote étant obligatoire ((faudrait pas que les moutons s’égarent à se plaindre en-dehors des sentiers balisés, voir l’article précédent.)), l’abstention aux élections européennes était inférieure à 10%.
Hélas, trois fois hélas, un bug informatique ((oui, non seulement tu dois voter; mais en plus le vote est électronique (et l’ordinateur est ton ami).)) a dû empêcher les masses populaires de voter à gauche puisque, en additionnant l’ensemble des voix des partis de la gauche radicale, on parvient à un grandiose 1,71% des suffrages exprimées…
“Mais, m’objectera-t-on derechef, c’est parce que l’Europe c’est abstrait, ça ne mobilise pas les gens autant que des problèmes locaux.”
A nouveau, coup de bol, il y avait justement des élections régionales en même temps en Belgique.
Premier constat, l’abstention y était plus forte ((taux de participation: 84% à Bruxelles, 89% en Wallonie et 93% en Flandre.)) et donc, logiquement, le vote de gauche plus faible: 1,61% (en comptant large) ((bon, c’est vrai que ça ne fait pas une grosse différence; mais vu les résultats microscopiques de la gauche dans ces élections libres, démocratiques et bourgeoises (cherchez l’intrus), c’est comme pour les choeurs de l’Armée Rouge, chaque voix compte.)).
Ceci étant dit, ce n’est qu’une question de patience.
En effet, aux élections européennes de 2004, le score de la gauche anticapitaliste belge n’avait même pas atteint 1%.
Donc, si l’on compte que son score doublera à chaque élection, les premiers députés rouges made in Belgium devraient faire leur entrée au Parlement européen vers 2017.
Si bien sûr, le contexte énoncé ci-dessus perdure assez longtemps…
Le système dans lequel nous vivons actuellement ((capitaliste donc)) repose sur un ordre social de type pyramidal: la minorité des profiteurs en haut, la majorité des exploités en bas. Comme toujours dans ce type de hiérarchie se pose la question de la pérennité d’une organisation qui ne profite réellement qu’à une minorité de ses membres.
Le capitalisme a trouvé de nombreux moyens pour assurer sa stabilité. L’un d’entre-eux est l’organisation d’élections “démocratiques” ((Le terme démocratique est évidemment frauduleux dans le sens où ce n’est pas le peuple qui choisit ses candidats.)).
Ces élections ont (au-moins) deux objectifs: d’une part renouveller les élites politiques et d’autre part garantir l’adhésion d’une majorité de la population à l’ordre actuel.
Si le premier point est relativement évident, il me semble tout de même bon de rappeler que ce que l’on nomme les “élites politiques” (c’est à dire ceux qui se trouvent à la tête des partis de gouvernement par opposition aux militants “de base” ou aux petites formations politiques) se situent dans le haut de la pyramide. S’ils désirent s’y maintenir, ils ont besoin de l’appui du capital et se doivent donc de servir, dans une certaine mesure, ses intérêts ((Qui deviennent progressivement les leurs aussi.)).
Quant au second objectif, obtenir le soutien de la majorité de la population, le processus électoral y contribue en donnant à tout un chacun le sentiment de participer, ne fut-ce que par le simple acte de voter, à la vie politique sans pourtant leur donner un moyen concret de peser sur elle.
De plus, le vote permet de jouer un rôle de soupape face à la grogne populaire. En effet, l’élection fournit aux mécontents une voie légale pour exprimer leur ressentiment.
Cet aspect de contestation légale est absolument nécessaire au système puisqu’il permet alors à celui-ci de criminaliser toutes les autres méthodes de contestation et de canaliser la colère populaire dans un processus dont il garde la maîtrise ((rappelons-nous par exemple du mouvement de colère dans les banlieues françaises en 2005 qui a donné lieu à une très forte répression d’une part et à une grande campagne pour inciter les jeunes à voter d’autre part. Avec les résultats qu’on sait…)).
Ainsi, en criminalisant les autres formes de lutte et en offrant une large palette d’offres politique, il parvient à installer progressivement dans l’esprit de la population l’idée que le vote est le seul moyen acceptable d’obtenir un changement; et par voie de conséquence, que seuls ceux qui ont été élus à l’issue de ce processus soient habilités à l’incarner ((On se souviendra de l’argument avancé par la droite au pouvoir en France pour légitimer l’adoption du bouclier fiscal: la mesure était dans le programme de Nicolas Sarkozy, il a été élu, la majorité des Français sont donc favorables à cette mesure.)).
Mais quelle sont les chances pour un mouvement révolutionnaire ((et par là j’entends un mouvement qui vise à renverser l’ordre pyramidal de la société, ce qui en exclus les groupes réactionnaires.)) de prendre le pouvoir par les élections?
A vrai dire, elles sont infinitésimales.
En effet, le capitalisme a fait, avec le débat politique, ce qu’il fait le mieux, il l’a transformé en marché.
Les différentes “offres” politiques se retrouvant donc en concurrence pour le marché des voix. L’accession au pouvoir, c’est-à-dire à une position dominante sur le marché, se fait donc suivant les règles classiques du capitalisme: publicité pour son “produit”, adaptation de l’offre à la “demande”, joint-ventures (alliances) et fusions-acquisitions, etc.
Publicité: elle oblige les partis révolutionnaires à se soumettre aux règles du jeu des médias dominants ((donc capitalistes)) pour obtenir une plus grande visibilité et donc, souvent, à édulcorer le message révolutionnaire. On a ainsi pu voir des militants communistes révolutionnaires se produire dans une émission de variétés, ou dans une émission de “débats” politiques ((notons que le format de ces émissions ne permet généralement pas l’expression sereine des idées de fonds.))…
Adaptation à la “demande”: il faut d’abord noter que la demande n’est pas nécessairement ((loin s’en faut)) celle du consommateur (de l’électeur donc). Elle est généralement formatée par la publicité et donc par les détenteurs du capital. Par conséquent, le message politique a perdu de sa radicalité au fur et à mesure que la “demande” s’est déplacé vers la droite. On peut voir le chemin parcouru par le Parti Socialiste français entre la phrase de Mitterrand en 1971, «La Révolution, c’est d’abord une rupture. Celui qui n’accepte pas cette rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là ne peut pas être adhérent du Parti socialiste.» ((cité par Serge Halimi dans le Monde Diplomatique, Mai 2009.)) et celle de Ségolène Royal en 2007, «Il faut développer les pôles de compétitivité. Enfin, il faut investir massivement dans l’innovation et dans la recherche. Nous avons la capacité de relever tous ces défis, de réconcilier les Français avec les entreprises, de développer l’esprit de conquête et celui d’entreprendre.» ((chat sur le site des Echos.)). De même, en Belgique, on peut mesurer l’écart entre la déclaration des principes fondamentaux d’Ecolo de 1985 ((Parmi ceux-ci, on notera avec intérêt la place de l’antiproductivisme, la lutte contre la mondialisation, la lutte contre l’automobile et la prolifération nucléaire, le fédéralisme intégral, l’autogestion, …)) et le soutien au Traité Constitutionnel Européen ((Traité dont l’un des points principaux visait à l’instauration d’une concurrence libre et non-faussée sur le territoire de l’Union.)) vingt ans plus tard.
Par ailleurs, l’adaptation à la “demande” se fait également en intégrant dans leur “produit” des éléments qui semblent faire le succès de la “concurrence”, les partis dominants reprenant à leur compte des thématiques sécuritaires, xénophobes, voire sociales ((par exemple, la “fracture sociale” du candidat Chirac, ou le “président du pouvoir d’achat” du candidat Sarkozy.)).
Alliances: leur but est évident, il s’agit de s’associer avec un ou plusieurs concurrents en vue d’obtenir (ou de conserver) une position dominante sur le marché. Elles sont quasiment nécessaires pour parvenir au pouvoir, ce qui permet au système de se garantir contre des changements trop radicaux.
Et si, malgré tout, une coalition à tendance révolutionnaire parvenait au pouvoir par les urnes, le capital a montré qu’il était prêt, soit à négocier avec le nouveau pouvoir en faisant quelques concessions de manière à préserver l’essentiel du cadre capitaliste ((Ce fut par exemple le cas du Front Populaire en 1936. Il faut noter que l’une des premières actions de ce gouvernement fut de mettre un terme au climat quasi insurrectionnel qui régnait, prouvant déjà que les gouvernement appartiennent avant tout au parti de l’ordre.)), soit à recourir à des méthodes plus drastiques comme le coup d’Etat ((Par exemple en Espagne en 1936 ou en Grèce en 1967.)).
Bref, jamais la révolution, c’est-à-dire la renversement de l’ordre capitaliste, n’a réussi au travers d’élections.
On ne peut pas gagner en jouant avec les règles de son ennemi.
Et pour un article particulièrement long, deux morceaux de musique:
Oui, je sais, ça commence à prendre la poussière ici…
J’ai bien l’un ou l’autre sujet que j’aimerais bien aborder ici mais il faut que j’ordonne tout ça dans ma tête et que je prenne un peu de temps pour le transposer par écrit.
Et puis, j’ai aussi passé quelques jours de vacances et, pas chien, je vous rapporte une petite photo ;)
Il faut tout de même avouer qu’on a de la chance d’habiter ce petit Royaume, en effet:
Ce n’est pas en Belgique que l’on verrait des enfants raflés en raison de leur origine… Ah si.
Ce n’est pas en Belgique que la Stasi ((Staatsicherheit ou Sûreté de l’Etat)) ferait des dossiers secrets sur des hommes politiques… Ah si.
Ce n’est pas en Belgique que des ministres et un procureur tenteraient de livrer un de leur citoyen à un pays pratiquant la torture… Ah si.
Ce n’est pas la Belgique qui, en tant que vassale des Etats-Unis, mènerait une guerre coloniale… Ah si.
Ce n’est pas en Belgique qu’on changerait la loi sous la pression d’un pays étranger… Ah si.
Ce n’est pas en Belgique que les jeunes en décrochage scolaire seraient mis sous tutelle de la police… Ah si.
Ce n’est pas en Belgique qu’on verrait la censure s’abattre sur des chercheurs universitaires… Ah si.
…
Bah, broutilles que tout cela, il s’agit après tout d’un “système démocratique jeune, fragile, imparfait certes, mais démocratique”, pour reprendre les mots de Louis Michel.
Et puis, l’essentiel n’est-il pas de pouvoir aller voter? Non?
Alors, le 7 juin, votez tranquilles braves gens…
Tiens, au fait, pourquoi votez-vous?
N’hésitez pas à répondre au petit sondage sur le côté… ;)