Il faut tout de même avouer qu’on a de la chance d’habiter ce petit Royaume, en effet:
Ce n’est pas en Belgique que l’on verrait des enfants raflés en raison de leur origine… Ah si.
Ce n’est pas en Belgique que la Stasi ((Staatsicherheit ou Sûreté de l’Etat)) ferait des dossiers secrets sur des hommes politiques… Ah si.
Ce n’est pas en Belgique que des ministres et un procureur tenteraient de livrer un de leur citoyen à un pays pratiquant la torture… Ah si.
Ce n’est pas la Belgique qui, en tant que vassale des Etats-Unis, mènerait une guerre coloniale… Ah si.
Ce n’est pas en Belgique qu’on changerait la loi sous la pression d’un pays étranger… Ah si.
Ce n’est pas en Belgique que les jeunes en décrochage scolaire seraient mis sous tutelle de la police… Ah si.
Ce n’est pas en Belgique qu’on verrait la censure s’abattre sur des chercheurs universitaires… Ah si.
…
Bah, broutilles que tout cela, il s’agit après tout d’un “système démocratique jeune, fragile, imparfait certes, mais démocratique”, pour reprendre les mots de Louis Michel.
Et puis, l’essentiel n’est-il pas de pouvoir aller voter? Non?
Alors, le 7 juin, votez tranquilles braves gens…
Tiens, au fait, pourquoi votez-vous?
N’hésitez pas à répondre au petit sondage sur le côté… ;)
J’ai déjà longuement parlé de Mobib (ici, ici et là); mais voici un nouveau rebondissement qui ne fait qu’augmenter mon inquiétude sur l’aspect orwellien de cette carte.
En janvier dernier, une équipe de chercheurs de l’UCL montrait que les informations contenues sur la carte Mobib n’étaient pas protégées et que n’importe qui, pourvu qu’il dispose d’un lecteur de carte, pouvait récupérer ce qu’elle contient.
Pire, ils ont mis en évidence que les trois derniers pointages étaient stockés sur la carte, ce qui permet de tracer l’usager, contrairement à ce qu’affirmaient la Stib et le ministre bruxellois de la mobilité, Pascal Smet ((Le Soir, 9/1/2009.)).
Afin de permettre à chacun de vérifier leur dire, les chercheurs mettaient à disposition le logiciel qu’ils avaient conçu dans le cadre de cette recherche. Téléchargement libre et gratuit, du-moins jusqu’à la semaine dernière…
En effet, loin de faire son mea culpa ((la Stib a annoncé qu’elle ne ferait aucune modification de sa carte Mobib)), la Stib a, semble-t-il, fait pression sur les chercheurs afin qu’ils retirent le logiciel de leur site.
La carte est toujours aussi mal protégée; mais désormais seulement accessible à ceux qui ont le bagage technique suffisant et la volonté nécessaire pour le faire.
Nous voilà absolument rassurés, n’est-ce pas?
Ah oui, au fait, la carte Mobib servira probablement de modèle à la fameuse “carte unique” pour les transports (TEC, De Lijn, SNCB) qui se profile…
En effet, le camarade Louis, actuellement Commissaire du Peuple Européen à l’Aide aux Miséreux Etrangers ((c’est-à-dire qu’on leur refile une (petite) partie du pognon qu’on se fait en les exploitant; enfin, pas à tous hein, seulement à ceux qu’on aime bien, faut pas déconner non plus…)), sera tête de liste pour le MR (Maoïsme & Rolex) ((mouvement composé de différents groupes comme le MCC (Mouvement Communiste Chrétien), le FDF (Front Démocratique des Fédérés) ou le PRL (Parti Révolutionnaire Léniniste).)).
Et, autant le dire tout de suite, le camarade Grolouis pète la forme! Plus la moindre trace du petit malaise qui avait frappé le Grand Timonnier de Jodoigne et l’avait poussé à se reposer à l’Europe.
“je serai offensif ! Il faut une Europe […] qui compte sur des gens qui en veulent […] pour se remettre en cause. […] Aussi pour […] ce qu’est la puissance publique, l’Etat.”
“Je suis très fier que l’on parle d’[…]Europe marxiste ! […] Sauvons notre miracle européen ! Sa nature […] géniale. L’alchimie miraculeuse entre […] solidarité, liberté. […] Et puis, c’est quoi l’Europe « sociale-démocrate » ?”
Car le camarade Louis n’hésite pas à s’en prendre aux “responsables de gauche” qui, contrairement à lui, sont des “enfants honteux du marxisme”. Car, dit-il, “M. Di Rupo est éloigné de Khrouchtchev !”
Les “experts” sont également sous le feu de sa critique: “Les experts sont utiles, mais lequel suivre ? Certains économistes disent, […] il faut moins de réglementation… […] soyons sérieux ! […] mais le capitalisme […] je n’ai rien à voir avec ça, moi. Je l’ai dit, il faut […] des règles.”
Et notre gros pèpère du peuple de terminer par cette vibrante déclaration: “je respecte l’engagement socialiste […] il est temps de changer. Il n’y a pas eu de remise en question […] sur une sorte de survie quotidienne. Sans vision. […] Le devoir […] aujourd’hui, c’est de […] l’action.”
Le camarade Louis manie également à la perfection l’humour, par exemple lorsqu’il pastiche le discours réactionnaire typique: “Ceux qui crachottent piteusement leur ressentiment contre l’Europe libérale feraient bien d’être prudent…
C’est tellement simple de répondre qu’il est facile d’imaginer ce qu’aurait été l’Europe collectiviste.
Cette Europe-là aurait été aussi monstrueuse économiquement, socialement, politiquement que ne le furent les républiques socialistes de l’est: monolithes, glaciales, déshumanisées, totalitaires, liberticides et sous-développées.”
Dans le monde merveilleux de mon entreprise, nous sommes passé sous le joug d’un nouveau management en 2007. Nouveau management qui n’a eu de cesse depuis son arrivée d’imposer sa marque sur l’entreprise. Cela s’est fait, entre autres, par le rafraichissement du personnel de la réception, par le déménagement vers “de plus jolis bureaux” dans un zoning et par l’introduction d’un système de filtrage des sites internets.
Avec l’introduction de ce système, commercialisé par la société Websense, la visite d’un site rentre dans l’une des quatre catégories suivantes:
autorisée,
bloquée mais peut-être poursuivie “pour des raisons professionnelles”,
bloquée, mais on peut utiliser son quota de temps (4 fois 15 minutes) pour y accéder,
bloquée.
L’objectif principal avoué par la direction pour la mise en place de cette censure du web est de mieux protéger le parc informatique de l’entreprise.
Un an après la mise en place de ce système, les représentants du personnel en ont demandé une évaluation à la direction.
Le rapport fourni par le management ne donne que les chiffres du nombre de sites visités par catégorie au cours de l’année écoulée. Il en ressort que les sites bloqués pour raison de sécurité ((ce qui était, rappelons-le, l’objectif principal annoncé)) ne représentent même pas 5% du total. Par contre, on apprend incidemment qu’un objectif secondaire de ce filtre est de limiter les pertes de productivité et de bande passante. Les sites rentrant dans cette catégorie représentant presque la moitié de l’ensemble des sites visités, les délégués du personnel demandent donc logiquement dans quelle mesure la productivité a augmenté depuis l’introduction du système.
La réponse de la direction? Eh bien, on ne sait mesurer l’efficacité du système… Par conséquent, il fonctionne de manière optimale.
Bref, mieux que de casser le thermomètre ((méthode classique pour “mesurer” l’efficacité des politiques en matière de lutte contre le chômage)), l’absence de tout outil de mesure permet d’affirmer que le système (non-)mesuré est parfaitement efficace.
Pour info, je rappelle que le core business de cette entreprise est de fournir des “solutions” internet aux entreprises… Des solutions a l’efficacité garantie bien évidemment. ;)
Eh bien figurez-vous que ce cher ((à mon avis, CEO de Citibank Belgium, ça doit pas être donné comme job.)) José m’a à nouveau écrit une jolie lettre, très sobrement intitulée:
Que faire de votre argent ?
Je ne résiste pas au plaisir de vous en livrer quelques extraits choisis ((et puis comme ça je poste un peu :p)) (et dûment commentés évidemment ;)).
Qui a dit qu’une relation entre un banquier et son client, c’était une peu comme une relation entre un instituteur et son élève ?
M’sieu, m’sieu, moi j’sais!
Tais-toi, tu lèves le doigt si tu veux parler p’tit con!
[…] Ce n’est donc pas un hasard si aujourd’hui, en plein milieu d’une tourmente sans précédent, nous voulons vous rencontrer, vous parler. Mieux encore répondre à vos questions, à vos interrogations et préoccupations financières actuelles. Franchement. Objectivement.
Aah quel lyrisme! Allez, avoue mon José, t’as les chocottes que je me casse de chez toi hein? Tu crains que je ne m’interroge sur les mécanismes financiers, les profits des banques comme la tienne? “Franchement. Objectivement.” j’avais pas attendu que tu m’écrives pour ça…
[…] Quelques questions légitimes, parmi tant d’autres, qui demandent des réponses objectives. Et plus que jamais, chez Citibank, nous voulons y apporter une réponse à la fois pertinente et impartiale.
[…] Ensuite, allez trouver votre conseiller en agence afin d’analyser et de discuter de votre situation personnelle.
Sir, yes sir!
Houlala, je sens qu’il va me passer un savon lorsqu’il analysera ma “situation personnelle”…
[…] Je suis convaincu qu’il ou elle vous expliquera les choses, vous proposera des solutions, ouvrira votre esprit.
Un peu comme un instituteur vis-à-vis de son élève? ;)
Dis, José, tu me prends vraiment pour un demeuré à qui on doit expliquer “les choses”?
Quant aux “solutions”, je t’avoue que j’ai déjà une petite idée sur la question…
[…] Je suis convaincu que “parler argent”, cela doit avant tout rester un projet humain. Et que les rencontres avec votre conseiller nous permettrons de mieux nous connaître, de mieux vous comprendre et d’installer une plus grande confiance mutuelle.
Tu m’excuseras mon José, mais c’est pas avec ce genre de courrier que tu parviendras à une “plus grande confiance mutuelle”.
[…] Je suis certain que ce sont de vos dialogues et de vos échanges que naissent la complicité et les résultats souhaités.
Euh dis José, la complicité tu vas te la garder, j’ai pas envie de finir en taule moi; et pour les “résultats souhaités”, je ne suis pas certain qu’après le Grand Soir ce soient vraiment ceux que tu envisageais…
Cordialement
José
Allez, salut José. Sans rancune et à la prochaine!
Le début de l’année correspondant avec la période du renouvellement de mon abonnement STIB qui allait donc être converti en carte Mobib ((dont j’ai déjà parlé ici et là, voir aussi les articles chez Vinalia.)), c’était l’occasion de tester les fameux slogans qui entourent l’introduction de cette carte.
Liberté
Le courrier de la STIB précisait (en majuscules):
DES CETTE ANNEE, POUR EVITER TOUTE FILE D’ATTENTE, LES DEMANDES D’ABONNEMENTS SERONT TRAITEES EXCLUSIVEMENT PAR COURIER OU PAR INTERNET
Ayant un abonnement spécial qui n’est pas repris dans les formules proposées par le courrier ((celles-ci étaient: abonnement annuel STIB, abonnement annuel MTB, supplément Noctis)), j’opte pour l’option internet qui correspond à cette “Liberté” tant vantée par la campagne d’affiches.
Je pointe donc mon navigateur sur le site de la STIB et tente d’introduire les informations nécessaires à la commande de mon abonnement dans la “BOOTIK online”. Hélas, je reste bloqué sur un écran, pas moyen d’accéder au suivant.
Soit… c’est probablement mon navigateur qui n’est pas correctement reconnu. Mais même en essayant avec d’autres navigateurs, pas moyen de parvenir à acheter mon abonnement sur le site ((à titre d’information, j’ai essayé avec: galeon sur Linux, firefox sur Linux, firefox sur Linux prétendant être Internet Explorer sur Windows, Internet Explorer sur Windows, Firefox sur Windows.)). Autant pour la “liberté“…
Rapidité
Je téléphone alors au “Contact Centre” pour savoir comment procéder.
Après les divers choix (langue, type de problème, etc.) et la petite musique d’attente, j’entre en contact avec une opératrice à laquelle j’explique mon problème. Celle-ci admet que “le site connaît quelques problèmes en ce moment” et me dit d’effectuer un virement avec le type d’abonnement en communication.
Je m’exécute et une quinzaine de jours se passent sans que j’ai de nouvelles. Etant donné que le courrier indiquait qu’il fallait 15 jours pour faire la carte Mobib, je ne m’inquiète pas outre-mesure.
Je reçois alors un appel de la STIB me disant qu’ils avaient bien reçu mon virement mais qu’ils ne comprenaient pas à quel abonnement correspondait le montant.
Je leur explique ce que l’opératrice m’avait dit et la personne me répond que “non, on ne peut pas traiter ce type d’abonnement par courrier”.
Ah? Comment faire alors?
“Vous devez vous rendre dans une “BOOTIK” et leur expliquer que vous avez déjà fait le virement. Ils vous feront la carte immédiatement.”
Bref, après 15 jours me revoilà quasiment à mon point de départ.
Je me rends donc à la “BOOTIK” situé dans la station Porte de Namur où seuls deux guichets sont ouverts.
Il me faudra faire preuve de patience et attendre près de 45 minutes avant de pouvoir accéder à l’un d’entre-eux.
Fort heureusement, il n’y eut pas de complications pour obtenir mon nouvel abonnement; mais en terme de “rapidité” ou “pour éviter les files“, on repassera…
Facilité?
La “facilité” dans tout ça?
Eh bien, c’est comme la campagne d’affiches sur ce thème, je l’attends toujours…
Notez que cette nouvelle carte est tellement “facile” d’emploi que, sur le site de la STIB, “une animation vous y explique de manière didactique toute la simplicité de votre nouvelle carte.” ((toujours dans le même courrier.))
Ô merveille de la modernité et du progrès.
Maintenant, on peut enfin avoir une explication de la simplicité de notre abonnement…
Et dire que pendant toutes ces années, j’ignorais la complexité de son utilisation!
Pendant que nos médias nous montraient, sur tous les tons de l’indignation ((alors qu’ils sont généralement les premiers pour encenser la politique du gouvernement israélien)), le massacre des palestiniens de Gaza ((rappelez moi pourquoi encore?)); ils furent nettement plus discret par contre pour nous parler d’autres affrontements et catastrophes de par le monde.
Ainsi, par exemple, qui a entendu parler:
Au lieu de quoi, on a eu droit à une couverture extensive et plus que douteuse ((comme en témoigne le travail d’Acrimed sur la question: http://www.acrimed.org/rubrique435.html)) de “l’offensive israélienne sur Gaza”.
Qu’on me comprenne bien, ce n’est pas le fait que, pour une fois, Gaza fasse la une de l’actualité qui me dérange, c’est la manière dont elle le fait. Uniquement en jouant sur l’émotion, sans trop entrer dans les explications ou pointer nos responsabilités dans l’état de la situation en Palestine.
Bref, il s’agit, encore une fois, plus de vendre un sujet que de l’expliquer… L’essence même du journalisme moderne quoi.
זאב טנא – ביירות [Zeev Tene – Beirut] ((oui, c’est juste pour faire le malin que j’ai copié le titre en hébreu :p))