Un Homme A Poil Sur Le Net

Lors d’un commentaire très pertinent sur l’article précédent, on me faisait remarquer, au cas où j’aurais perdu toute notion du temps, que “on est plus en 40”¹ et que je devrais arrêter avec mes “fantasmes d’état policier“…

Commençons par rappeler, à ceux pour qui l’Histoire commence avec la carrière musicale de Lorie, qu’en 1940, la République Française, après avoir été vaincue par l’Allemagne du chancelier démocratiquement élu Adolf Hitler², par la voix, toujours démocratique n’est-ce-pas, de son Assemblée Nationale, votait, avec une très large majorité³, les pleins pouvoirs au très démocratique maréchal Pétain.

Bref, tout ça pour rappeler que c’est de manière très démocratique que “l’état policier” s’est installé en Europe dans les années 40.

Alors, bien sûr, nous ne sommes plus en 1940, l’Allemagne est un pays démocratique où l’on peut arrêter des militants sur simple présomption policière et où ne pas prendre son téléphone mobile à une réunion est considéré comme une attitude conspiratrice.

Quant à la France, fier berceau des Lumières et des Droits de l’Homme, elle a toujours su montrer, de Sétif à Ouvéa et de Malik Oussekine à Lamine Dieng, qu’elle était une vraie démocratie, soucieuse de préserver la liberté d’expression (lorsqu’il s’agit d’insulter le peuple palestinien; pas lorsqu’il s’agit de critiquer l’Etat d’Israël⁴ ).

Aucun fantasme d’état policier non plus en ce qui concerne la Belgique qui, de l’affaire Sémira Adamu à l’affaire Bahar Kimyongür, a toujours su démontré son respect des droits humains et des libertés individuelles.

Je ne m’apesantirais même pas sur le parangon de démocratie que représentent les Etats-Unis grâce à qui, de Guantanamo à Baghdad, en passant par l’Afghanistan, la Somalie, le Nicaragua ou encore le Chili, le monde est un endroit plus sûr…

Non, c’est certain, nous ne sommes pas en 40; mais rappelons-nous aussi que l’on peut très vite passer du fantasme de l’Etat policier au cauchemar de l’Etat totalitaire…

Jean-Jacques Goldman – Un goût sur tes lèvres

1. il faut bien évidemment lire on n’est plus et pas plus (+), le lecteur aura rectifié de lui-même j’en suis sûr [↩]
2. un homme profondément inspiré par Henry Ford et dont le génie législatif est actuellement redécouvert par les députés de la majorité UMP, comme je le signalais déjà ici [↩]
3. à noter en passant que le “Père de l’Europe”, Robert Schuman a voté pour [↩]
4. Israël qui est aussi une fière démocratie, garantissant la liberté de la presse, respectant le droit international, et pas du tout un état policier comme le constatent chaque jour Arabes israéliens et Palestiniens [↩]

Mobib, c’est le nouveau système de pointage de la STIB qui sera progressivement mis en place d’ici 2009.

La nouvelle carte coûtera 5 € (pour 5 ans) et sera basée sur la technologie RFID, c’est à dire qu’elle sera lisible à distance par la borne Mobib (dans un rayon de 5 cm).

Quels sont ses avantages? Le site nous vante trois avantages: simplicité, flexibilité, rapidité.

1. Elle vous simplifie la vie

   Vous ne devez même pas sortir votre carte MoBIB de votre sac ou de votre portefeuille ! Grâce à la technologie “sans contact”, votre carte peut être lue par le valideur dans un rayon de 5 cm, donc plus besoin d’introduire votre ticket dans le valideur. Pratique si vous avez un enfant ou des paquets dans les mains !

   5 cm, ce n’est pas très large comme rayon; donc, même s’il ne faut plus introduire la carte dans le lecteur, il faudra se tenir à la même distance qu’actuellement. Ca peut effectivement être plus pratique si la carte se trouve dans le rayon d’action de la borne; mais dans le cas contraire, il faudra quand-même la sortir pour la passer devant le lecteur.

2. Elle peut être chargée selon vos besoins

   Sur une même carte, vous pouvez charger à tout moment la ou les formule(s) qui vous convienn(en)t : aussi bien un abonnement qu’une formule 10 voyages ou 1 Jour. La carte MoBIB off re tellement de souplesse qu’elle vous permet également de choisir vous-même la date à laquelle votre abonnement doit commencer.

   Tellement flexible que lorsqu’on à plusieurs formules, il faudra manuellement interagir avec la borne pour lui dire quelle est la formule que l’on veut utiliser. Ce qui neutralise l’avantage mentionné au point 1.

3. Elle vous évite les files d’attente

   En plus des KIOSK et BOOTIK, vous pouvez également recharger votre carte MoBIB sur internet, aux automates de vente GO disponibles dans toutes les stations de métro et, à l’avenir, aux principaux arrêts de tram et de bus. Tellement plus pratique !

   Alors là, personnellement, je ne vois pas ce qui change fondamentalement par rapport à la situation actuelle…

Par ailleurs, il est à noter que tous les titres de transports devront être validés par la borne (les abonnements inclus), ce qui implique donc qu’il y aura plus de gens qui devront utiliser les bornes qu’à l’heure actuelle et d’un autre côté, j’ai pu constater que pour l’instant, il n’y a généralement qu’une seule borne Mobib par station, là où il y a plusieur validateurs de billets actuellement. J’y vois la possibilité d’un point de congestion majeur aux heures de pointe, sans compter les problèmes engendrés par une panne éventuelle de l’appareil…

Bref, les avantages, même si certains sont potentiellement intéressants, sont loin de m’apparaître comme garantis.

Qu’en est-il des inconvénients?

Commençons par le plus évident: son prix.

D’après cet article, le coût du projet était estimé à 12 millions d’euros en 2006¹. Un investissement dont on peut se demander s’il ne serait pas plus judicieux de l’effectuer pour améliorer la qualité du transport (plus de bus, un meilleur respect des horaires, …), voire, après la série d’agressions dont ont été victimes des chauffeurs de bus, à la sécurisation des lignes sensibles, plutôt que dans un gadget technologique aux avantages limités pour l’usager.

Mais en dehors du coût exorbitant (qui sera, n’en doutons pas, répercuté sur le prix du billet qui ne cesse d’augmenter), c’est l’aspect du respect de la vie privée qui me paraît le plus préoccupant.

Commençons par la traçabilité: avec ce système, la STIB (et ceux à qui elle fera profiter de cette possibilité: forces de l’ordre, opérateurs externes?) pourra connaître les trajets habituels de chaque usager; en plus, si l’on combine les infos transmises par les bornes avec celles fournies par un opérateur de téléphonie mobile par exemple, on pourra connaître la position exacte de chaque usager² en temps réel.

On imagine facilement l’utilisation que la police, par exemple, pourrait faire des ces informations lors des futures opérations FIPA.

Par ailleurs, aucune information n’est fournie sur la durée de conservation des données recueillies par les bornes. D’ailleurs, je n’ai pu trouver aucun fichier répertorié sur le site de la Commission pour la Protection de la Vie Privée relatif au système Mobib…

Ensuite, par la nature même de la technologie RFID³, les informations contenues sur la carte sont accessibles à distance sans que nous en ayons nécessairement conscience⁴ . Bien sur, les informations sont encryptées; mais aucun système de cryptage n’est invulnérable comme le rappelle cet exemple récent.

Bref, à côté d’avantages limités et à vérifier dans la pratique, on a un réel danger d’atteinte à notre vie privée.

Petite question annexe, pensez-vous que les principaux journaux francophones se soient penchés sur ces risques d’atteinte à la vie privée?
Après une rapide recherche sur les sites du Soir, de la Libre et de la DH, la réponse est claire et nette: non.

Chumbawamba – Enough Is Enough (Kick It Over)

1. je ne serais pas étonné qu’il ait gonflé depuis; mais je n’ai pas trouvé de chiffres plus récents [↩]
2. disposant d’un téléphone portable [↩]
3. il s’agira de puces fournies par ASK, leader mondial dans le domaine et fournisseur, entre autres de la très démocratique République Populaire de Chine pour les Jeux Olympiques [↩]
4. en effet, rien n’oblige un lecteur à “beeper” lors de la lecture de la puce [↩]

J’ai déjà expliqué (ici par exemple) que je n’avais pas de télé; mais comment faire alors pour me tenir informer de la marche du monde me demanderez-vous?

Eh bien, d’abord je vous dirais que pour savoir ce qu’il se passe vraiment dans le monde, la première chose à faire est probablement de couper sa télé.
Ensuite, en dehors des flashs infos de PureFM le matin¹ , il se fait que je lis un certain nombre de journaux de manière plus ou moins régulière…

Alors de manière régulière, je lis:

• chaque semaine, le Canard Enchaîné pour savoir ce qu’il se passe vraiment en France,
• chaque mois, le Monde Diplomatique pour découvrir ce qu’il se passe en France et dans le monde,
• chaque mois, la Décroissance, le journal de la joie de vivre qui donne un éclairage intéressant sur notre société de consommation,
• tous les deux mois, le Plan B² , un magazine de critique des médias très incisif.

Et de manière occasionnelle, j’achète aussi:

• le Morgen qui reste un des quotidiens belges les plus intéressants,
• le Courrier International pour avoir une idée de ce qui se dit dans la presse étrangère,
• Histoire antique parce que j’ai toujours beaucoup aimé l’histoire de l’antiquité,
• La Recherche parce que je m’intéresse aux sciences aussi.

Et sinon, je garde un oeil sur les fils RSS des principaux journaux belges (le Soir, la Libre, l’Echo, le Tijd, le Morgen) et français (le Monde, les Echos), ainsi que ceux de Rue89, de la BBC et d’Indymedia, …

Bref, même si je n’achète occasionnellement qu’un seul journal belge, je pense être plus et sans doute mieux informé que la majorité des lecteurs de la Dernière Heure. ;)

Ceci étant dit, je suis toujours ouvert pour découvrir de nouveaux titres de presse :)

1. qui ont en général plus le don de m’énerver qu’autre chose… [↩]
2. enfin, je compte l’acheter, parce que là je viens seulement de pouvoir acheter mon premier numéro… [↩]

Pour rester dans la veine du post précédent, je suis tombé sur le site www.desobeir.net, sur cet appel d’anciens résistants.

Ca date de 2004 mais reste toujours d’actualité…

Voilà, la barre des 100$ pour un baril de pétrole vient d’être franchie en ce début d’année. Si les grands médias ont bien parlé de cet événement aucun ne l’a mis en relation avec un phénomène pourtant connu depuis plus de 30 ans, le pic de production pétrolier.

On peut pinailler sur le moment précis (pour autant qu’il y en ait un) où ce pic sera atteint, une chose est certaine, nous sommes au sommet et il est plus que temps d’envisager la descente, c’est-à-dire la sortie d’un monde basé sur le pétrole (et de manière plus générale l’énergie) bon marché.

Cette sortie peut se faire soit de manière graduelle comme le proposent en général les partisans de la décroissance ou de manière brutale comme l’envisagent les partisans de la croissance (et ce en contradiction totale avec leur discours). Quelle que soit la voie choisie, tout cela ne se fera pas sans conséquences drastiques sur nos vies vu notre dépendance au pétrole.

Qu’on en juge:

• transport (aéronautique, maritime, routier): donc nécessité de rapprocher lieu de production et de consommation, donc fin de la mondialisation
• intrants (pesticides, engrais): donc fin de l’agriculture intensive
• plastiques, solvants, …
• médicaments
• etc.

Les conséquences évidentes sont, entre autres, récession économique¹, famines², guerres³. Autrement dit, comme l’a déja signalé cAt à plusieurs reprises, la fin du monde tel que nous le connaissons.

Bref, des problèmes autrement plus importants (et urgents!) que l’orange-bleue ou la nouvelle idylle de Sarkozy; cependant, aucun grand média n’en parle et quasiment aucun homme politique ne s’exprime sur le sujet.

Allez comprendre…

1. ca n’est pas un hasard si l’or, valeur refuge s’il en est, a franchi un nouveau record en même temps que le baril de pétrole [↩]
2. en plus de la fin de l’agriculture intensive, il faut compter sur l’utilisation de surfaces agricole afin de produire des bio-carburants [↩]
3. qui croit vraiment à ces histoires d’Axe du Mal et d’apporter la démocratie au Moyen-Orient [↩]